Rageous Gratoons

Everywhere’s Garbage

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Crock Note/Sl Works Sarl
Sortie : Novembre 2009

Harmonium indien, gralla, vielle à roue, cymbalum, derbouka, stroviol, bouzouki, ça vous parle ? Oui ? Alors vous êtes, à n’en point douter, un spécialiste en matière de musique orientale, non ? Sachez que ce ne sont là que quelques-uns des instruments étranges ramenés par les Gratoons de leurs périples aux quatre coins du monde et que l’on peut entendre sur cet album qui fait suite au dynamique live sorti fin 2007.

La plupart des titres vous feront irrémédiablement penser à un Goran Bregovic en pleine copulation avec l’ensemble des Negresses Vertes dans les arrières cours d’un souk de Marrakech ou du Caire (notamment sur “Vierica” ou “Airzats”).

En effet, à une rythmique souvent tachycardique, telle que les aime le serbe, les Gratoons associent des mélodies orientales qui ne manqueront pas de vous faire voyager vers de chaudes contrées, quand bien même vous seriez coincés dans un métro bondé par une froide journée parisienne. Le chant multilingue ajoute au dépaysement, si bien que rapidement on ne sait plus trop où on est mais, en tout cas, loin. Au détour d’un “Black Claps”, c’est toute la ferveur indienne qui débarque dans le wagon avec sa rythmique si typique qu’on ne peut s’empêcher de sentir le curry et l’encens tout au long du morceau (de poulet). Ainsi du moyen-orient, on glisse peu à peu vers les rives du Gange et le paysage se met à changer.

Evidemment, la médaille a parfois son revers, comme ce “Sargam” aussi ennuyeux qu’un authentique morceau folklore local typique comme ils en écoutent là-bas, mais qui laisse l’auditeur hexagonal un brin pantois ou, pire encore, “Teepu Sultan Solo”, longue improvisation, pour la peine complètement couleur locale, mais qui risque d’en laisser quelques-uns de marbre.

Chaque voyage a ses galères, Everywhere’s Garbage n’en est pas exempt, mais c’est la tête pleine de souvenirs chauds et épicés que l’on rappuie sur Play pour redécoller au plus vite. 


Si le monde n’est plus qu’un immense tas d’ordures, les Gratoons ont su, tels des chiffonniers besogneux, en tirer le meilleur et en faire un album recyclant toutes les influences possibles et imaginables du moment qu’elles ne sont utilisées par aucun autre qu’eux.