Liars

Sisterworld

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Megaphon
Sortie : Mars 2010

Premier album «américain» pour le trio, une évidence saute aux yeux dès la première écoute : c’est pas évident ! Non, ce n’est pas évident d’entrer dans ce cinquième album de Liars, musique bruitiste ou «noisy», électronica, punk, krautrock et que sais-je encore, tout ici est fait pour faire fuir l’auditeur peu persévérant et il est difficile de blâmer ceux qu’on ne reprendra pas à remettre la galette dans la platine après une première écoute distraite.

Pour les autres, dont les fans inconditionnels, ils se rendront rapidement compte que l’on a ici à faire à un condensé de tout ce que Liars à produit jusqu’à maintenant, du furieusement groovy, They Threw Us All In A Trench And Stuck A Monument On Top, au plus décharné, They Were Wrong, So We Drowned.
Bref, un passage en revue de tout ce que le rock, mais bien au-delà, a pu produire comme extrémités.
Entre neurasthénie maladive et démence agressive, mis en relief par des instruments plutôt inattendus dans un trio initialement vu comme «punk expérimental». Jugez en plutôt : cordes, basson, piano et quelques autres sonorités inidentifiées, oui, Liars peut encore surprendre en 2010.
On aura assez mis en garde comme çà, mais certaines consignes valent la peine d’être rappelées, nous ne sommes pas ici en présence de pop immédiate, mais bel et bien d’un album qu’il faut apprendre à apprivoiser avec le temps.
Il faut laisser son cerveau s’habituer aux changements d’ambiances brutaux, aux sonorités à la limite du dissonant, à la rage avec bave aux lèvres, et l’atmosphère urbaine étouffante… En un mot, tous les hommes de cette planète le savent, quand on apprend à se raser, on se coupe souvent, puis, au fur et à mesure, on gagne en dextérité et la lame passe de plus en plus sereinement, puis c’est un plaisir de sentir une peau de soie à l’issue de l’opération.
Il en va de même avec ce Sisterworld, tranchant, désagréable au début, chaque écoute révèle de nouvelles subtilités qui, mises bout à bout, révèlent une oeuvre majeure et, finalement, hautement addicitive, pour peu que l’on sache lui donner sa chance.