Cypress Hill : "Rise Up"

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Priority Records
Sortie : Mai 2010

Lorsque Cypress Hill déboula en 1993 avec son deuxième album (MONUMENTAL), Black Sunday, le crew californien mit d’emblée tout le monde au parfum sur la teneur (en THC, notamment) de son rap funky et sur sa dévotion à une «certaine herbe» aux effets cannabiqués (hum, carabinés je veux dire), et s’imposa dès lors parmi les chefs de file de la scène rap «West Coast». Le speech d’ouverture de Rise Up, nous rappelle pour quelles raisons Cypress Hill est un groupe de rap essentiel.

Et pourtant, cela faisait plus de six ans que les rappeurs de L.A. ne nous avaient pas lâché un de ces (missiles) skeuds fumants dont eux seuls possèdent le secret de fabrication.


Souvent copié, mais jamais égalé, leur mixe futuriste est reconnaissable entre mille, non seulement grâce à un univers sonore bien particulier (savant dosage entre rap West Coast et hip-hop latino), mais aussi grâce à la diction hachée et au timbre de voix légèrement nasillard et «haut perché» de B-Real.


Enfin libérés du contrat les liant à une major, les trublions de Cypress Hill officient désormais sous la bannière de Priority Records, et c’est donc via ce label indépendant présidé par un certain Snoop Dogg, que vient de sortir leur nouvel album, Rise Up.


Cette libération artistique a, entre autres, permis au crew californien de creuser plus en profondeur la brèche «multi-vibes» qu’il avait ouverte avec ses précédents opus, et d’expérimenter ainsi à son aise de nouveaux mélanges de genres, notamment en lui permettant de convier une pléiade de guests hétéroclite, allant du guitariste de Rage Against The Machine, Tom Morello (”Shut ‘Em Down”) à celui de System Of A Down, Daron Malakian (”Trouble Seeker”) et  Mike Shinoda de Linkin Park (”Carry Me Away”).


Autant vous dire que les rappeurs s’en sont donnés à cœur joie en transgressant allègrement les «conventions du rap old-school» et en franchissant, sans complexes ni retenue, les frontières des genres.


C’est donc sans ambages que l’on passe, d’un titre à l’autre, de riffs hard rock belliqueux à des mélodies pop/R&B pacifiques, de coups de speed EMO à des coups de soleil «Miami bass» (”Armed and Dangerous”).
Du titre électrique éponyme, “Rise Up” (feat. Tom Morello), au morceau hip-pop, “Get It Anyway”, en passant par le «nébulo-fumeux», “Pass The Dutch” (feat. Evidence et The Alchemist), le bizarroïde, “Take My Pain” (feat. Everlast), et le rap latino ensoleillé de “Armada Latina” (feat. Pitbull et Marc Anthony), Rise Up est une excellente illustration du désir de Cypress de s’affranchir des codes du hip-hop traditionnel.


Si ce brassage stylistique peut certes dérouter et filer un peu le tourni de prime abord, il n’y a par contre aucune chance pour qu’il fasse bailler d’ennui.