Elastik

juillet 21, 2011

Critik

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Koma Records
Sortie : Juin 2011

Le projet Elastik, emmené par un certain, Thomas Prigent, distille un poison foudroyant alliant particules chimiques et matières organiques, sonorités industrielles chirurgicales, électro “clinique” qui glace le sang et spoken words maniaco-dépressifs ; le résultat est un petit plaisir malsain, hypnotique et ouvertement machiavélique…

D’entrée on le sent ; l’Elastik est tendu, et fatalement, la Critik est sombre… très sombre. Comme on l’aime, d’ailleurs.. ça tombe bien !
A l’image du constat dressé par Prigent et consorts, le nouvel opus du francilien est le reflet dérangeant d’une génération perdue (dans toutes les directions et sens du terme) schyzo/psychotique.. un cas clinique sur lequel les grands lobbies & labos font chaque jour un peu plus de bénef en lui dealant légalement de quoi faire taire ses angoisses…
Dans cet abrutissement général et complaisant, seuls les “vivants”, ceux qui sont “conscients” du malaise, refusent de se soumettre au système quitte à en être exclus… Tel est le but de cette Critik ; prendre en compte l’existence de ces témoins et victimes du mal qui ronge notre société.. Cette dictature démocratique (et/ou démocratisée) qui inculque à ses membres semi-consentants la “bonne marche à suivre, la “bonne façon” de réfléchir (ou mieux, de ne pas réfléchir), de jouir et de s’adapter à l’esclavagisme moderne.
Les rythmes répétitifs, le venin de Prigent qui se diffuse lentement dans les veines, le flow glaçant et grinçant de Faustine Berardo, se changeant parfois en un chant léger et inspiré, le ton apocalyptique et tribulations nébuleuses de Black Sifichi (d’Ez3kiel & Brain Damage), les visions morbides de Cecilia H, la colère tranchante et textes affutés d’Horror 404 ; tout est mis en oeuvre pour que l’auditeur ne prenne pas trop ses aises.. et ressente le malaise… Soyez les bienvenues dans la partie ténébreuse de l’indus gothique, de la dark-wave froide et du dub tourmenté.
La mécanique est bien rouillée et fait l’effet d’un morceau d’aluminium sur un vieux plombage… on le sent passer !