Etats-Unis : La relève du rap féminin

23/05 > A l'ecoute Iggy-Azalea-6

Etats-Unis : La relève du rap féminin

Grand Angle

Le hip-hop est une culture à part entière. Née au Etats-Unis il y a un peu plus de 30 ans, elle est née de la rue et est très largement dominée par les Hommes. D’abord inexistantes dans le milieu puis réduites à rien à travers la majorité des textes sexistes, les femmes ont du mal à se faire entendre. Bref, le rap, c’est un truc de mecs. Pourtant on peut compter une dizaine de rappeuses qui ont su rentrer dans le « rap game » et marqué l’histoire du Hip-Hop. On pense à Lil kim, Queen Latifah, ou encore Mc Lyte… Durant cette période, les rappeuses apparaissaient au masculin : des vêtements à l’attitude, en passant par les textes et les manières de rapper.Quoi qu’il en soit, elles auront participé à l’avènement de cette culture, et auront nourri ce qu’on appelle l’âge d’or du Rap (88-93) .

Mais quand est-il aujourd’hui ? Petit topo sur les héritières américaines du Hip-Hop.

Fini les rappeuses qui cachent leur féminité, aujourd’hui on affiche (trop) son corps : tenues sexy, extravagantes et textes à caractère sexuel et violent.
Bienvenu dans l’ère de l’ego trip et de la trash culture. Il y a quelques années, Nicki Minaj dominait ce paysage , mais elle a fini par plonger dans un côté pop/mainstream pas du tout attendus sur la scène Hip-Hop- créant d’ailleurs, pas mal de débats.
C’est à partir de 2011 qu’une vague de rappeuses apparaît. Elles s’appellent Azealia Banks , Iggy azalea et depuis, peu Angel Haze ou Dominique Young Unique. Et tout comme les rappeurs, elles ont leurs mots à dire.

1/ AZEALIA BANKS : HARLEM STYLE

Côté East , il y a Azealia Banks. Auteur, compositrice et interprète, Azealia Amanda Banks est née à Harlem à New York. Elle a d’abord commencé par des études d’art puis décide de se concentrer sur l’écriture et la création musicale. Parfois perché, Banks impose son univers, elle est d’ailleurs souvent comparée à la britannique Mia . En 2011, elle dévoile son single « 212″, elle se retrouve classé 3eme dans la fameuse « Sound of the year » délivré par la BBC et bénéficie d’un très bon accueil du public (69 millions de vues sur Youtube).

Ce qui est nouveau dans la musique de Banks, c’est qu’elle réussi à ramener les vieux démons House des années 90 et a les mêler à des univers plus dark, sur fond d’electro.


Aujourd’hui, Azealia est un personnage charismatique et reconnu dans le monde du Hip-Hop. Connu pour son tempérament de feu, elle assume son image : décalée, originale, c’est une artiste qui n’a pas peur de se renouveler. Toujours un coup d’avance. C’est ce qu’on appelle: être en ligne avec son époque. Son premier album est sorti en Mars intitulé « Broke with Expensive Taste ».

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2/ IGGY AZALEA : LA HIT GIRL

Iggy n’est pas vraiment Américaine, elle est Australienne. Née à Sydney, elle décide à l’âge de 16 ans de partir, seule, à Miami, pour y faire de la musique. Elle se considère comme une Américaine, alors on l’a considéra comme telle.
C’est en 2011 qu’elle se fera remarquer avec son track «Pu$$y».

Elle signe sur Grand Hustle record ou elle collabore notamment avec T.I ( son parrain) et sort le fameux « Murderer Buziness ». Enfin « my World » et « Work »  l’a propulsera au devant de la scène.

Sulfureuse, elle incarne une véritable icône : grande, blonde : ses courbes en charmerait plus d’un. Iggy représente le RAP 2.0. à savoir des sons terriblement modernes – proche de la trap music - des basses lourdes, lancinant entre son club et rap trash. Elle joue beaucoup sur la séduction, toujours très apprêtée, elle n’hésite pas à twerker quand il le faut. En Avril dernier, la rappeuse, à la voix langoureuse, sort enfin son album « The new classic ». Bref, Iggy Azalea rentre dans le vif du sujet et une longue carrière l’attend.

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3/ANGEL HAZE : LA PURISTE

Raykeea Angel Wilson alias Angel Haze est une rappeuse plutôt introvertie qui n’aime pas vraiment être sur le devant de la scène. Elle fait de la musique car c’est la seule chose qui l’anime. Originaire du Michigan (Detroit), elle vit dans une secte religieuse : Greater Apostolic Faith, où elle n’avait pas le droit de parler aux non adhérents, d’écouter de la musique, ou encore d’éprouver quoi que se soit pour quelqu’un. Angel Haze finit par fuir cette communauté avec sa mère, et s’installe à Brooklyn alors qu’elle a 16 ans. Elle sort son premier ep « Reservation » avant de signer chez Republic Record où elle sortira son premier album « Echelon » en 2013.

Des textes sincères, ses productions sont sans fioritures ce qui laissent entrevoir une personne fataliste et pragmatique. Angel Haze touche, par un passé marqué à vie. Elle reprendra en 2013, avec Iggy azalea, « Otis » de Kanye West et Jay-z.


L’artiste commence à se faire un nom : aujourd’hui son album est en écoute. Un talent brut à découvrir.

4/DOMINIQUE YOUNG UNIQUE : L’ASSASSINE

Elle a 24 ans, et fait déjà, beaucoup parler d’elle. Dominique Young Unique est née dans les quartiers pauvres de Tampa en Floride. Marqué par une enfance difficile – entourée de violence et de misère – elle puise son inspiration dans ce qu’elle a vécu. D’abord mannequin, elle trouve refuge dans un Rap agressif, des textes provocateurs et plutôt vulgaires. Dominique se la joue gangsta.
Elle utilise beaucoup l’électronique, se rapprochant ainsi de la musique de Banks ; cependant elle n’hésite pas à démolir cette dernière, ainsi que Nicki Minaj. Révélé grâce à son track « Earthquake », BO de Kisck Ass 2., on découvre une jeune femme prête à écraser tout ceux qui se mettent sur son passage. Dominique a la langue bien pendue et promet d’être au cœur des festivités dans quelques mois.


 Au delà de la scène médiatique, rassurez-vous la scène underground n’est pas morte. Voici deux coups de coeurs:

1/ REVERIE

Bien loin des projecteurs, le Hip- Hop underground vit encore. Un grain old school, des textes profonds et même des scratchs (oui oui). On peut largement comparer REVERIE à Queen Latifah ou encore Nas. Sa voix soul et son flow à l’ancienne, font preuve d’un vrai lyrisme. Son petit frêre endosse le rôle de beat maker largement inspiré de la East coast. C’est d’ailleurs à Los Angeles que vit la rappeuse, bercée par une scène Hip-Hop ancestrale aux côtés de dr. Dré et Snoop Dog.
A seulement 23 ans, REVERIE écrit de façon engagée. Elle fait preuve d’une humilité et une aura incroyable.
Son dernier album Woolgathering est tout simplement génial. Petite préférence pour « Nothing to say ».


2/GAVLYN

Originaire de Los Angeles (décidément) Gavlyn rappe sur des instrus aériens, inspirée par la funk des années 70, elle produit un rap chill, parfois psyché. Gavlyn sort son album « From the art » en 2012 dont le single « What i do » en est tiré (et qui a récolté 4 millions de vues). Depuis, elle a assuré une tournée Européenne sold out. Son flow unique fera d’elle une des pépites de la scène hip-hop alternative.


Ces femmes prouvent que le rap n’appartient plus à un sexe et que les temps changent. Elles sont jeunes, talentueuses et affrontent la vie comme elles abordent leur texte : avec ambition et passion.
Elles sont les héritières d’une culture légendaire.