Dead Obies au Centre Phi : un spectacle audacieux mais pas unanimement apprécié

Spectacle audacieux et réactions mitigées ont fait du ménage ensemble hier soir au Centre Phi, à l’occasion du spectacle/enregistrement du deuxième album de Dead Obies. Retour sur quelques affaires qui ont eu lieu.

Après avoir viré sur la céréale à quelques canettes près, l’ensemble du cortège se dirige vers un Centre Phi sold-out, qui promet d’être suintant comme un chien à qui on aurait laissé un manteau d’hiver de chien dans une maison extrêmement chauffée.

Sur place, vers 8h37, les gens magasinent du gear Dead Obies, et d’autres se laissent tenter par une session de photo avec des professionnels de l’image. «C’est pour un vidéoclip», nous dit-on, avec une lueur convaincante dans les yeux.

À l’intérieur, où les choses s’apprêtent à se passer, on contemple des images et les échos de la «société du spectacle» de notre boy Guy Debord, qui a soi-disant inspiré de long en large le concept de l’album/spectacle que Dead Obies nous livrera sous peu.

Pour les 2,5 personnes qui vont comprendre la référence : on se sent comme dans un cours de communication médiatique avec Thierry Bardini.

Les images sont resplendissantes, d’un point de vue mamelonné.

Photo: Florence G. Lemieux

Photo: Florence G. Lemieux

Photo: Florence G. Lemieux

Photo: Florence G. Lemieux

Les bières se succèdent et ne se ressemblent pas toujours, dépendant de votre tendance à osciller entre la Sleeman jaune et la Sleeman rouge. Bref, on commence à être de plus en plus prêts pour avoir autre chose à se mettre derrière la rétine.

9h16 : les boys arrivent avec une énergie surprenante, proche d’une incandescence planante qui enivre plutôt que de rendre complètement fou. En d’autres mots, Dead Obies s’adresse à la tête plutôt qu’aux tripes. Le côté animal et juvénile du premier album est remplacé par une force tranquille qui nécessite une écoute plus attentionnée, moins spontanée. Les musiciens de Kalmunity contribuent de main de maître à échafauder l’ambiance.

Le décor a de quoi subjuguer au départ : une toile sépare la foule du groupe. À travers cette scission franche qui marque la distance entre ce qui se passe sur scène et ce qui se passe dans la foule, on ancre la notion de société du spectacle avec une originalité appréciable qui, malgré sa pertinence au niveau visuel quand il y a des projections de calibre, finit par être lourde à regarder/endurer.

Le tout reste quand même nice à petites doses, et on finit par davantage apprécier le concept quand les rappeurs se mettent à s’approcher de la foule pour l’investir à bon escient. Bear et Snail sont d’ailleurs les premiers à se dévoiler.

Fou moment.

3

Photo: Florence G. Lemieux

Rapidement, on comprend que Bear a décidé d’arrêter de rapper pour se mettre à devenir le chanteur officiel des refrains du groupe. Sans encenser la décision, on peut tout de même lancer des gros shout outs à ses performances vocales.

Force est de constater qu’en plus de tout ça, il a décidé d’aller voir le même styliste que ses comparses de Radio Radio.

L’effet Bonsound? Tirez vos propres conclusions.

4

Photo: Florence G. Lemieux

À part de ça, on remarque que VNCE a une coupe de cheveux déficiente, contrairement à Snail et Yes qui sont restés assez fidèles à leur style.

Pour le plaisir de vos yeux, on a évité de prendre VNCE en photo. Fallait être là pour y croire.

5

Photo: Florence G. Lemieux

6

Photo: Florence G. Lemieux

Les photos que les gens ont prises en guise d’apéro, vers 8h37, servent à quelque chose : elles sont projetées sur le niqab de la scène avec un montage soutenu/fougueux/ardent/vif. Les adjectifs auraient pu être plus nombreux, mais faute de dictionnaire de synonymes sous la main, ça va être ça.

8

Photo: Florence G. Lemieux

À un moment donné, DO laisse tomber les chansons envoûtantes pour retourner à ce que la foule connaît et, donc, apprécie davantage : les grosses tounes qui bûchent de façon solide (qualificatif douteux à revoir prochainement et, possiblement, à ne plus utiliser).

Les cinq rappeurs se donnent plus que jamais, notamment sur Enweille, nouvelle chanson aux relents dubstep solides (dsl) qui risque de faire des ravages une fois qu’elle sera entendue à répétition.

Photo quelconque :

7

Photo: Florence G. Lemieux

Ça aura pris plus d’une heure, mais finalement le voile tant décrié se sera plié aux normes de l’assermentation spectaculaire en tombant de tout son haut à la toute fin du hit estival Moi pis mes homies. La foule apprécie ce chemin vers la liberté avec une splendeur percutante renouvelée.

Bravo!

9

Photo: Florence G. Lemieux

Après coup, les réactions sont nombreuses, autant aux toilettes que dans la ligne des manteaux d’automne remisés pour 2$. «Je suis resté sur mon appétit», dit l’un. «Je suis pas sûr que je serais resté s’il y avait eu un rappel», dit l’autre.

Faut dire qu’à la base, le pari était audacieux. Tenter de faire découvrir un nouvel album complètement différent du précédent à un public qui s’attendait à quelque chose de plus facile à digérer n’est pas généralement gage d’une réussite totale.

Mais Dead Obies ose essayer, et c’est ce qui en fera, pour un nombre d’années encore considérables, le groupe le plus inventif du hip-hop québécois.