Lakes of Canada : du chœur du ventre

Publié le 16 octobre 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Lakes of Canada

Transgressions

Indépendant

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Lakes of Canada, formation montréalaise composée de Jake Smith, Conor O’Neil, Tim Dobby, Sarah Morasse et Greg Halpin, présente son second effort, Transgressions, qui succède à Toll the Bell, paru en 2012. À la suite de sa lecture déconcertante du roman A Handmail’s Tale de l’émérite auteure canadienne Margaret Atwood, Jake, cofondateur du groupe avec Conor en 2010, s’est mis à pondre une chanson après l’autre ; en est né un album concept.

Bien encadré par Jace Lasek de The Besnard Lakes, producteur de l’album, Lakes of Canada offre un indie-rock ébouriffant, protéiforme, infusé d’influences gospel et soul. Les chœurs omniprésents, indissociables de la signature de Lakes of Canada, frappent d’emblée, se faisant tour à tour a cappella (Eden), lumineux (The Handmaid’s Tail), épiques (Prologue), frénétiques (Jezebel’s Cry), anxiogènes (The Sons of Gilead), enveloppants (Transgressions).

L’héritage religieux de Jake et de Conor, « Cashews » — terme inventé par l’épouse de leur chantre afin de désigner les mi-Juifs, mi-Catholiques — qui chantent tous deux dans des chœurs de synagogue et d’église, se reflète dans la place réservée aux harmonies vocales et à l’orgue ainsi que dans les ambiances qui en découlent. Éléments que côtoie sur plusieurs pièces une guitare électrique stridente et rapide, aux sonorités souvent prog, parfois country rock, qui dévoile une certaine influence du métal orchestral (The Fall, Speaker for the Damned).

La voix de ténor de Jake, au large registre, mène le bal, valsant fréquemment avec celle, éthérée, de Sarah ; des timbres se prêtant parfaitement au théâtre musical, une forme d’art qui transparaît tant dans l’interprétation que dans la grandiloquence de certains morceaux, y compris ceux au rythme effréné. (On imagine aisément le duo acoustique The Handmail’s Tale 2 joué sur les planches de Broadway!)

Difficile de ne pas souligner l’émouvante Transgressions, unique ballade, qui clôt le disque. Un album comme une épopée, à l’instrumentation chargée, qui pourrait à n’en point douter être adapté en théâtre musical.