[ITW] (Julien + Adrien) x RBMA = Paris Now !

Le mardi 20 octobre 2015 dans Arts, Interview, Movies, Photographie

Dans moins d’une semaine s’ouvre la Red Bull Music Academy 2015, à Paris. Pour lancer les festivités, la RBMA dévoile aujourd’hui 5 courts métrages produits par Partizan, constituant le cycle « Paris Now ! ».
Nous avons rencontré le duo Julien + Adrien, réalisateurs de Camouflage, l’un de ces courts métrages, à découvrir ci-dessous :

Comment s’est passé ce partenariat avec la Red Bull Music Academy ? Ce sont eux qui vous ont appelé ou vous avez eu envie de profiter de leur venue à Paris ?

Julien : On était en train de tourner à film à Barcelone, et notre producteur nous a appelé en nous demandant si on voulait faire un film pour Red Bull. On avait la tête dans la pub, donc on lui a demandé quel était le brief, on s’attendait presque à tomber sur un truc de ski ou de sport extrême. Mais il nous a dit qu’on avait carte blanche.
Ca faisait longtemps qu’Adrien voulait faire quelque chose sur la cuisine, moi je voulais bosser avec un musicien sur une idée de compo originale, on s’est dit qu’on allait lier les deux et on a écrit une phrase qu’on a envoyé au producteur. Et il s’avère qu’on n’a jamais dévié de cette phrase là.

Adrien : Du début à la fin on a eu carte blanche totale. La seule petite contrainte qu’on avait était le temps.

_I6A0094

Parlez-moi un peu de Camouflage. Pourquoi ce titre ?

A : On a pas mal cherché, on est parti très loin et en fait Camouflage est le nom d’un des plats d’Atushi Tanaka, le chef japonais que l’on voit dans la vidéo. C’est un chef qui a été découvert par Pierre Gagnaire à Tokyo. On cherchait un chef qui fasse une cuisine cinématographique autant dans les gestes que dans les plats. Et ce qui était formidable avec lui, c’est qu’il s’est complètement mis au service du film.

J : Et en face il y a Etienne Jaumet, un incroyable musicien très fort en impro dont la force est de faire des lives complètement psychés à partir de ses claviers, ses oscillateurs. Il part en laissant ses machines tourner, entre temps le son a muté, c’est incroyable. Le concept était de créer une bande son en live pour les créations culinaires d’Atsushi.

A : Camouflage c’est le nom du plat salé constitué de tuiles qui cache ce qu’il y a à l’intérieur. Etienne était aussi très emballé par le nom, il disait qu’il faisait un peu la même chose, par exemple avec son saxophone qui reste caché et surgit de nul part.

J+A_1+LQ

Le cycle de vidéos pour la RBMA s’intitule « Paris Now ! », qu’est-ce qui est Paris dans Camouflage ?

J : Le pitch c’était donc « Paris, Maintenant », on est donc partis de ces deux composantes. Pour moi c’était complètement lié à la musique, mais aussi à l’image culinaire. Avec « Top Chef », « Master Chef », tout ces programmes dont on est abreuvés, elle est partout. On n’a pas eu à réfléchir beaucoup plus longtemps, entre la French Touch et la gastronomie française, ça tombait sous le sens. On a donc eu l’idée de filmer la cuisine comme on filmerait un concert, de manière assez inédite.

Oui d’ailleurs il y a des gestes assez incroyables, comme par exemple quand il écrase de la crème avec une casserole. On se demande ce qu’il fait, et un superbe motif en ressort.

A : Ca justement c’est quelque chose d’inédit, c’est l’un de ses dressages secrets qui a été repris par plusieurs restaurants. Il était conscient d’exposer ses techniques, mais c’était aussi l’intérêt. On a choisi de le filmer comme un concert, ce qui l’a libéré des contraintes de « là il casse un œuf donc on va faire gros plan sur la coquille », c’était assez rock’n’roll. Quand il cuisine avec de l’azote, ça rappelle les fumigènes sur scène !

_I6A9793

Vous produisez des contenus très hétéroclites, allant de la séance photo de mode au vidéoclip en passant par le docu photo, quels sont les avantages et les inconvénients de chaque format ?

A : On va essayer de rien exclure, mais en tout cas nous préférons les sujets « libres », où l’on nous laisse carte blanche, où tout est à créer. Si on prend l’exemple de notre exposition sur le Red Star, nous devions nous pencher sur le foot. Tout le monde est abreuvé d’une certaine image de ce sport, il nous a fallu la réinventer, proposer un point de vue inédit. On aime bien avoir un ton à côté : prendre un footballeur en photo comme on le ferait avec un mannequin.

J : Ou encore prendre en photo un mannequin à la manière d’un documentaire. On ne veut pas proposer des contenus qu’on pourrait trouver dans l’AFP.

A : On a une direction artistique assez commune à tous les projets, où l’on essaye de maîtriser à fond nos décors, nos castings, nos stylismes. Si on prend l’exemple de Rone, on connaissait bien notre sujet en amont, on a été sur place caster ces gamins, ces chevaux, trouver la bonne route, le bon versant de montagne. Et c’est là qu’on s’éclate vraiment.

J : Il s’agit d’être le plus réalistes possible, ne pas travestir la réalité. On veut miser sur les forces des gens. Avec Adrien, on a le même style un cinéma « terrien », on est fan des frères Dardenne, de ce côté naturaliste. Dans notre manière de travailler, on part souvent de photos pour nos films, et de films pour nos photos. Le sujet de Rone est parti d’une séance photo qui datait de 1992.

Qui fait quoi dans le processus créatif ? Est-ce influencé par vos parcours respectifs ?

A : Moi je viens de la fiction et du documentaire, j’ai fait des études en écritures cinématographiques, l’idée de base était bien de faire des films même si je pratiquais aussi la photo en amateur. On s’est rencontré il y a environ 5 ans.

J : Moi je faisais de la D.A dans la pub, mais j’ai eu besoin de m’orienter vers des projets complètement personnels, en l’occurrence ça a commencé par développer des contenus pour l’agence de mannequins Elite qui était notre premier job ensemble. Et en fait on s’est dit tout de suite que ça fonctionnait aussi en tant que pros, pas qu’en perso. Je viens beaucoup plus de la photo, mais on bosse véritablement à quatre yeux et à quatre main.

A : Notre but a toujours été de raconter des histoires, même pour de la pub et du content.Et il y a 3 ans, on a été signé chez Partizan, ce qui nous a fait passé de duo d’électrons libres dans Paris à un statut beaucoup plus pro.

J : Et c’est grâce à eux qu’on a commencé à filmer de la musique, via le report des Nuits Sonores. Ils ne voulaient pas un simple report justement, mais une sorte de récit où tu pars d’un point A à un point B. Et ce qui a été génial c’est qu’on a eu carte blanche, comme sur beaucoup de nos projets dont la Red Bull Music Academy.
Les Nuits Sonores nous ont également permis de sympathiser avec des artistes, Rone, King Krule ou encore Connan Mockasin qui nous ont laissé les suivre. C’est par la suite qu’on nous a proposé de réaliser le clip de « Quitter La Ville » pour Rone.

A : La musique a de toutes manières une place capitale dans tous nos projets, elle ne rentre absolument pas qu’en bout de chaîne. Ne serait-ce que sur nos séances photos on fait attention à la bande-son, il arrive aussi qu’on ait la bande-son avant même de commencer à tourner le projet.

J : Instinctivement quand on nous a balancé le sujet de Red Bull Music Academy on s’est dit qu’il fallait faire un truc lié à un artiste, où l’on a un véritable échange avec lui.

Nous sommes BETC Pop, et nous voulons savoir : c’est quoi la Pop Culture aujourd’hui pour vous ?

A : La Pop Culture à la base c’est Warhol, c’est l’avant-garde où on va casser tous les codes pour donner accès à quelque chose de nouveau. C’est aussi faire quelque chose d’accessible, mais de qualité, ne pas te foutre de la gueule de ton public, proposer quelque chose de sincère, d’accessible à tous, d’intelligible et lié à l’entertainment. Le but est de divertir les gens et de créer un plaisir à partager ça.
Aujourd’hui un mec comme Kendrick Lamar est très populaire tout en étant hyper pointu, un mec comme Riad Sattouf avec ses Beaux Gosses est pop. Si je prends l’exemple de notre expo pour le Red Star, c’est proposer une approche artistique d’un sujet ultra universel : le foot.

J : Il y a aussi l’idée de rassembler dans la Pop Culture. Tu vas mettre un supporter, une styliste, un technicien… 

Un son par décennie ?

60’s = The Beatles – Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band

70’s = Kraftwerk – Radio-Activity

80’s = Joy Division – Unknown Pleasures

90’s = IAM – Ombre et Lumière

00’s = Metronomy – Nights Out

10’s = Flying Lotus – Cosmogramma

Découvez l’intégralité des 5 courts métrages « Paris Now ! » :

Par Joz2p