CCF JOUR 2 : voyage astral sensuel avec Marie-Pierre Arthur

Publié le 08 novembre 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Hier soir à La Tulipe, des boules disco de diverses tailles, suspendues au-dessus de la scène, mettaient la table aux sonorités années 80 qui caractérisent le plus récent opus de Marie-Pierre Arthur, Si l’aurore.

Marie-Pierre Arthur/Photo: Caroline Bertrand

Armée de sa basse, l’auteure-compositrice-interprète, rayonnante (comme à chacun de ses spectacles), arborait un immense sourire auquel elle ne dérogea pas de toute la prestation. Cette allégresse, cette félicité de jouer sur scène, les musiciens qui l’accompagnaient — son compagnon François Lafontaine aux claviers, Sam Joly à la batterie ainsi que Joe Grass, Nicolas Basque et Guillaume Doiron aux guitares — la partageaient manifestement. Impossible de ne pas remarquer la béatitude de leurs sourires lorsqu’emportés dans les fréquentes envolées instrumentales.

L’auditoire était parfaitement dosé. Puisqu’il était juste assez clairsemé sur le parterre, nous disposions de l’espace nécessaire pour se dandiner à notre aise et se délecter de la prestation sans être agglutinés à nos voisins, ce qui a renforcé notre sentiment d’intimité, de complicité avec les artistes, tant brigué en show. Un confort impeccable donc pour savourer la présence de Marie-Pierre et de sa «gang de boys».

L’album a beau porter le sceau des synthés électro de la décennie de règne de Cindy Lauper et être marqué de rythmes soul très groovy, sur scène, la chanteuse à la magnifique voix vaporeuse et sa bande ne manquent pas de mordant: ils rockent ! Et Marie-Pierre se déhanche tout en maîtrisant parfaitement sa basse.

Ils ont amorcé la soirée avec La toile — effet stroboscopique à l’appui ! — et Cacher l’hiver, jouées de façon très rock. «Ça dit que ça finira mal, mais ça finit pas mal, là !» mentionna la chanteuse en introduction de Si l’aurore, à la tête d’une série de chansons langoureuses. «Ça dit qu’il faut avoir du plaisir. Donc, allez-y, buvez !» pouffa-t-elle.

Au moment de Rien à faire — nommée dans la catégorie Chanson de l’année à l’ADISQ demain —, les boules disco se sont mises à rutiler de toute part, projetant des faisceaux iridescents. Un éclairage qui épouse la touche kitsch assumée — inspirée des années 80, rappelons-le — sur quelques pièces de l’album.

Des «ouaaais» approbateurs ont fusé chez ses boys. Ils ont donc enchaîné Il — François Lafontaine était tellement intense que ses claviers en tremblaient — et Dans ma tête, qui a plongé la salle dans une ambiance céleste, une constellation de lumières se reflétant sur les murs, créant une sensation de cosmos. Chanson qu’ils ont étirée en un intermède aérien planant, Marie-Pierre fermant les yeux, envoûtée. Une ambiance atmosphérique qui avait de quoi rappeler un show de Pink Floyd.

Le matériel des précédents albums, Marie-Pierre Arthur et Aux alentours, a été à l’honneur le reste de la soirée, à l’exception de Papillons de nuit, qui s’y est glissée. Comme il est coutume pour plusieurs artistes de revisiter les chansons de leur répertoire antérieur, la bande nous a présenté une version plus enveloppante d’Elles, moins saccadée, en la parant notamment d’une longue finale instrumentale. Bien sûr, les «houhou» se sont élevés en chœur. Fil de soie s’est faite plus pesante; Droit devant, plus rock, rehaussée de claviers. Ils ont poursuivi avec Emmène-moi et Si tu savais, qui a nous offert un solo de batterie, les musiciens, admiratifs, captivés par leur compère.

Cette soirée jouissive s’est conclue avec Les infidèles en rappel, que Marie-Pierre a interprétée seule, au son grave et profond de sa basse, qui colle parfaitement à la mélancolie de la chanson. Puis, les musiciens, munis de guitares acoustiques, se sont frayé un chemin dans la foule en entonnant Pourquoi.

La musicienne a déclaré en cours de route: «Je suis ben, vraiment.» En harmonie avec elle, nous l’étions tout autant.