Ludovick et Patrick Bourgeois, en famille dans la grisaille

Ludovick et Patrick Bourgeois – Ludovick et Patrick Bourgeois

Ludovick et Patrick Bourgeois – Ludovick et Patrick Bourgeois

Les Disques Bourgeois Records

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Je dois faire mon coming-out. Cela ne surprendra personne, mais je dois avouer que, tout comme Debbie Lynch-White, je suis friand de karaoké. Je ne suis peut-être pas encore passé maître, mais je porte un intérêt particulier aux nouveautés qui se présentent dans ce domaine. J’ai toujours, conséquemment, eu un faible pour les services d’animation de monsieur Gilles Vincent et, surtout pour les albums enregistrés en famille de ses compositions originales qui viennent en carte de visite avec sa visite dans vos partys de bureau. Que voulez-vous, il y a un charme certain à entendre un père et sa progéniture chanter sur des accompagnements synthétiques.

J’ai eu le même sentiment d’extase en entendant l’album de Patrick Bourgeois et de son fils Ludovick (brillamment intitulé Ludovick et Patrick Bourgeois), qui fait suite à leur EP de 2014. Reprenant la plupart des mêmes titres, les Bourgeois ouvrent la porte de leur jardin secret et nous font entendre les grands classiques qui font vibrer leur famille. Le tout est, bien sûr, repris à leur couleur, qui joue dans les teintes de gris foncé. Partageant des traits esthétiques communs avec le plus grand vendeur canadien de l’année, l’accompagnement est trop liché et trop parfait, ajoutant à ce mix aussi propre que le kit qu’ils comptent porter au prochain gala de l’ADISQ.

Pour une raison qui m’échappe, la version de l’album qui fut porté à mes oreilles commençait par leur version de Take Me Home, Country Roads du regretté John Denver. Avec une description d’album annonçant qu’on y entendra du « country-folk », il me semblait que de commencer le tout par une pièce de faux-reggae avec des sons empruntés à la pop de Top 40 m’apparaissait pour le moins aventurier. Cependant, c’était prévisible; Patrick Bourgeois est passé maître dans l’art du faux-reggae. Les copies régulières de l’album commencent plutôt par Jolie Louise de Daniel Lanois, qui indique bien les tendances modernes du country de se tourner vers le franglais, langue de leur rap-queb chéri.

Certains titres montrent que le chanteur des BB n’a pas perdu de sa voix. Il rend bien Simon and Garfunkel et Michel Pagliaro. Cependant, quelque chose semble clocher. On voit à plusieurs endroits, comme dans leur reprise de Elle s’en va de Patrick Norman une tendance forte à chanter sur la note tout en donnant l’impression d’être inexplicablement faux. J’en viens à me demander : s’ils chantent ensemble des duos issus du répertoire, presque exactement sur la note sur un accompagnement synthétique, ne font-ils pas en fait la promotion d’un service de karaoké? La stratégie a été vue avec notre homme Gilles Vincent plus haut.

Si tel est le cas, je lève mon chapeau bien bas à Ludovick et Patrick Bourgeois. L’outil promotionnel fonctionne; j’ai envie de chanter sur vos pistes d’accompagnement. Elles sonnent très bien pour ce qu’elles sont. Et puis, si on se fie à l’exemple de Jonathan Painchaud, le temps est bon pour les chanteurs des années 1990 pour se lancer dans les affaires.