Supermassive à Helsinki : Kiitos kaikille

Pour une raison ou pour une autre, j’ai eu l’occasion de séjourner dans la capitale de la Finlande du 18 au 22 novembre 2015. Alors que la plus grande partie de mon horaire de la semaine était bouclée, j’avais prévu passer la première journée à contempler l’infini, maugréer devant les panneaux bilingues en finnois/suédois et essayer de m’adapter au décalage horaire. Il se trouve, cependant, que mon séjour concordait avec le Festival Supermassive, se déroulant au Club Tavastia.

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Intitulé Supermassive, A Journey Through the Underground le festival se déroulait du 17 au 19 novembre dernier et présentait aux Helsinkois.e.s le meilleur de la création musicale scandinave et internationale. Le nom de nos champions canadiens METZ a attiré mon regard en premier, mais une consultation de la programmation musicale nous permet d’y trouver d’autres Föllakzoid, Kesä et autres Neneh Cherry & Rocketnumbernine, en tête d’affiche.

Je n’ai pu qu’expérimenter la soirée du 18 novembre avec l’intention de profiter du programme au complet et de découvrir Kesä, The Bug, Prurient et, bien sûr, nos Torontois. Ce qui devait être un cinq minutes de marche s’est transformé en une heure, grâce à ma commodité avec les langues nordiques, et j’arrive pour 21h30 plutôt que 20h. 31 Euros plus tard, me voici prêt à braver le Club Tavastia.

Par ses dimensions et sa mission, le Club Tavastia, situé tout près du métro Kamppi, au cœur du centre-ville d’Helsinki, est similaire au Café Campus. Constitué de deux salles, le Tavastia et le Semifinal dans le sous-sol du même complexe, le calendrier des spectacles affiche pour le mois à suivre des artistes locaux et internationaux tous azimuts, passant de Veil of Maya à Joey Bada$$. L’alcool y est cher, comme un peu partout en ville, mais l’ambiance y est accueillante.

Dans la salle principale, j’attrape la performance de The Bug, producteur et DJ britannique de l’écurie Ninja Tunes. Son genre amalgamant l’industriel et le dubstep était parfaitement adéquat pour assurer la première partie d’un groupe de noise punk: la basse, les bruits blancs et les glitchs rentrent dedans, créant un effet d’euphorie chez le fan de dissonance. Le résultat laisse cependant dubitatives certaines personnes. L’arrivée sur scène du rappeur Flowdan ajoute une nouvelle dimension au spectacle. Son débit vocal rappelle celui du dancehall, donnant une couleur particulière au concert qui n’est, pourtant, pas sans rappeler Run The Jewels. Le plaisir est apparent pour les gens sur le plancher de danse, constitué de grands fouets à lunettes, et est, visiblement, partagé par les artistes, comme on peut voir sur cette photo croquée sur le vif.

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Après quarante minutes de basse lourde, on transfère au Semifinal pour assister à la performance de l’artiste noise américain Prurient. La salle est comble et la musique stridente. La prestation est constituée de Dominick Fernow et de sa console, hurlant et se battant contre le fil de son micro. Autant cette vision m’apparait comme la parfaite imitation de mon sentiment actuel de me retrouver seul dans un pays où je ne parle aucune des deux langues officielles, autant j’ai considéré qu’il ne s’agissait pas de la bonne catharsis pour moi. J’ai toughé deux minutes, puis je suis retourné dans le lobby.

Ma catharsis, je l’ai trouvée avec METZ. Leur réputation n’est plus à faire; ils jouent fort, vite et puissamment. Au départ, un seul Finnois mushait dans son coin, mais bien vite, les poussaillages bon enfant et les bousculades se sont partagés dans la foule. C’est ce qu’il fallait: la fraternité dans le pit. Peu importe où tu te trouves, le désir de faire sortir l’énergie induite par la musique est la langue la plus claire que l’Occident a développé. Le groupe joue des titres de ses deux albums et nous quittons le sourire fendu jusqu’aux oreilles, couverts de la sueur de nos nouveaux amis internationaux.

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Bref, tout pour commencer un voyage du bon pied. Kiitos à vous, les gens du Supermassive. On vous souhaite une belle continuation.