Beat Sexü : sexualiser la musique de Québec

Beat Sexü

Open House QC

Pantoum Records

**

0006275882_10_converted

Le premier album de Beat Sexü n’en est pas vraiment un. Nous offrant une compilation de reprises locales, le groupe se lance dans une mission noble et amusante, mais dont ils ne ressortiront pas nécessairement gagnants.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Beat Sexü, laissez-moi vous introduire le Pantoum. Centre de création multidisciplinaire, mais principalement musical, l’institution de Québec se veut une aide aux artistes émergents d’un peu partout. Avec un label, des studios, une agence média et même des chambres à loyer modique, on a ici la totale. Et c’est là qu’arrive le groupe: produit de ce centre et comptant dans ses membres les deux fondateurs, Jean-Michel Letendre-Veilleux et Jean-Étienne Collin Marcoux. Beat Sexü devient rapidement, dans un but bien avoué, un vecteur des aspirations du Pantoum.

Après un premier EP de compositions originales très réussi l’an dernier, le groupe nous revient donc aujourd’hui avec un «album» de 11 chansons d’artistes variés, mais tous liés à Québec, réadaptées à la sauce disco sexü. Et la sélection bien variée a de quoi surprendre: allant de Ponctuation à Gab Paquet et passant par Les Indiens ou encore Mauves, la brochette est belle. Ajoutez à ça la participation des artistes originaux, des tracks de guitare interprétées par des invités (Guillaume Chiasson ou Shampouing) et des apparitions surprises (Pascale Picard, Webster, Odile Marmet-Rochefort, etc.) et on a une formule all-star!

Mais conséquemment, le résultat est très brouillon. Les styles varient énormément pour s’adapter à chaque chanson et on perd l’identité réelle de Beat Sexü au passage. À moins de considérer que leur son se résume à quelques synthés haut-perchés et des guitares syncopées, ce qui n’est pas le cas bien entendu. L’exécution est aussi très automatique et, si le groupe a eu énormément de plaisir à travailler sur le projet, l’auditeur ne le ressent pas nécessairement sur le format physique. En gros, c’est un projet qui doit être vraiment extraordinaire en live et virer rapidement au party, mais qui ne passe pas le test de l’édition.

Au final, Open House Qc représente beaucoup plus un exercice de style intéressant, mais pas extraordinaire non plus, qu’un album qui aurait vraiment pu lancer une formation prometteuse sous les feux de la rampe. Noble sacrifice pour la cause ou premier pas d’une tradition, les interrogations à propos du projet sexü préféré de tous restent aujourd’hui nombreuses suite à cette parution.