Automatisme

Automatisme

Momentform Accumulations

(Constellation Records)

Pour son premier album Momentform Accumulations, le québécois William Jourdain aka Automatisme, fait preuve d’une maestria impressionnante, jouant avec les codes des musiques électroniques dans leur ensemble, pour en extraire un concentré de sonorités diverses, puisant autant dans les expérimentations dub que dans l’electronica, l’ambient ou l’expérimental.

C’est sur l’excellent label Constellation Records (Colin Stetson, Eric Chenaux, Jerusalem In My Heart, Godspeed You! Black Emperor…) qu’Automatisme fait ses véritables débuts, avec un album maitrisé de bout en bout, où l’on peut croiser des influences aussi diverses que Pole, Alva Noto ou Pan Sonic, tout en évitant pourtant de sonner comme ses illustres prédécesseurs, agençant et construisant des titres aux évolutions harmonieuses et aux changements de direction captivants.

Automatisme compose des morceaux à la beauté urbaine, où les sons multiples se superposent, nourris de matières premières oscillant entre accalmies souterraines et explosions lumineuses, proposant de circuler et de voyager sur un même track à travers des instants de sensations fugitives aux écartèlements constants, capable de résonner ambient avant de prendre une direction plus dubby.

Construit autour de loops aux circonvolutions orageuses et de rythmiques marquées au fer rouge, Momentform Accumulations implique une certaine concentration si l’on ne veut pas perdre le fil, dérapant sans cesse sur des fils tendus au dessus de précipices sans fond, accrochés sur des parois rocheuses recouvertes d’ossements calcaires et de chair indus, où résonances techno et réverbes sombres s’habillent de grésillements lointains, capables de se revêtir d’accents lumineux, à l’image du multiforme et presque dansant Simultanéité 4. Impressionnant.

Roland Torres

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