La Saison : faire un carton avec Guillaume Monette

Van Carton

La Saison

Costume Records

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La Saison signe le grand retour d’un des Gars su’l sofa dans le paysage musical québécois. Loin d’être convenu, le EP de 5 pièces s’impose comme l’une des belles sorties francophones des dernières semaines.

Première parution assez convaincante, le EP La Saison commence directement avec une analogie de chien. À Feu à volonté, on en est venus à se demander si le tout n’aurait pas été écrit expressément pour nous! Dans tous les cas, le projet gagne des points, d’entrée de jeu. Plus sérieusement, Monette nous offre ici des textes romantiques et quelque peu hantés, martelés avec un traitement très personnel, mais relativement universel à la fois. S’ils peuvent parfois paraître répétitifs, la voix d’Amélie Mandeville, choriste sur quelques pièces de l’album, vient alléger l’ensemble. De longues plages musicales planantes viennent aussi espacer le tout, un traitement bienvenu qui permet à La Saison de se démarquer un peu dans une offre franco-québécoise qui porte souvent son attention principalement sur les textes, négligeant l’ensemble.

Dans le même ordre d’idées, quand je disais en introduction que l’album est loin d’être convenu, c’est qu’on commence quand même sur une track de didgeridoo. Si tu veux faire dans l’esthétique exotico-fucked up, on s’entend-tu qu’il n’y a rien de mieux qu’un didgeridoo?Aussi à noter: Tu cries mélange habilement Casio et vocoder, rien que pour nous rappeler qu’on ne peut plus échapper aux influences 80’s en 2016. Le moment le plus recherché restera toutefois à mon avis Au nom d’une femme, ramassis de chants syncopé et déclamé, de chants indiens, de segments vaguement 8-bits et d’arrangements rappelant un peu l’excellent projet Rome (2011) de Danger Mouse et Daniele Luppi, mais avec moins de Jack White. Ceci dit, on reconnaît encore très bien l’écriture qui ne se démarquera pas tellement de ce qu’on attendait de l’ex-3 Gars su’l sofa, sauf par ses arrangements plus complexes et le synthétisme assumé de l’album.

Le plus gros défaut de l’opus restera sa durée. Avoisinant les 22 minutes, il se trouve à mi-chemin entre un album et un réel format EP, surtout à cause de deux pistes dépassant le cap des 5 minutes. Rendus là, on aurait bien pris une ou deux chansons de plus, question de ne pas rester sur notre faim à la suite d’une conclusion quelque peu abrupte. On souhaite finalement à Monette, s’il devient vraiment un chien dans les prochains mois, de ne pas aboutir dans le corps d’un pitbull. Il éviterait ainsi fort probablement le port obligatoire de la muselière, objet fort encombrant pour un chanteur, et pourrait éventuellement nous satisfaire avec du nouveau matériel.