D/p/i

D/P/I

Composer

(Shelter Press)

Multi-instrumentiste (saxophone, guitare, batterie), DJ et membre de formations aussi diverses que Duos & Quartets, Sun Araw Trios, évoluant sous le pseudo de Deep Magic, l’américain Alex Gray dévoile sous l’alias de D/P/I (Dj Purple Image) une autre facette de son pouvoir créatif.

Axé sur les rythmes dans leur globalité et leur puissance de feu, Composer n’aborde aucun genre dans son absolu tout en ébauchant de nouvelles pistes, celui du hasard et du pouvoir d’arrangements savamment agencés dans un semblant de chaos, où tout peut être source de rythmiques à la précision chirurgicale ou à l’habileté accidentelle, surgie de l’organique ou l’électronique.

Oeuvre conceptuelle s’il en est, il n’y a qu’à jeter un oeil sur l’explication derrière Composer, disponible sur le site du label Shelter Press, pour comprendre que cet assemblage de sonorités disparates et hétéroclites n’est pas le fruit d’un artiste tapotant maladivement sur son clavier pour tenter de brouiller les pistes disponibles.

D/P/I joue avec une virtualité omniprésente, gorgée de résonances internet et de jeux pour consoles vidéos, qui soulèvent la question fondamentale de la création dans son ensemble, où collages, glitches en tous genres et abstraction sonore forment un ensemble dense et bondissant, de prime abord foutraque pour le quidam, mais passionnant pour celui saura s’y plonger avec recul, nous entrainant avec lui dans des sphères qui ont fait leur entrée depuis quelques années dans les dancefloors expérimentaux via des structures comme PC Music entre autres, tout en sachant préserver sa spécificité et sa singularité.

Si Composer peut sembler un album glacial, débordant d’enchevêtrements mécaniques et de pulsations robotiques, de cafouillis catclysmique et de fatras organisé, il n’en reste pas moins une oeuvre captivante et abrasive, surgie du cerveau d’un artiste repoussant les questions obsolètes pour en soulever d’autres plus philosophiques.

Roland Torres

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