De la tendresse euphorique avec la Famille Ouellette et Mauves

Le prestigieux arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (Ochlag’ pour les intimes) accueillait vendredi Mauves et La Famille Ouellette dans l’ancienne caserne de pompier no 2. Mieux connu sous le nom de Maison de la culture Maisonneuve, l’endroit nous permettait, dès notre arrivée, de sentir la douce odeur de popcorn et de tapis industriel propre (j’en étais fort aise). Mon dernier spectacle dans cet endroit était un spectacle de marionnettes (freakantes) quand j’avais 6 ans et demi. J’en suis restée sceptique jusqu’à ce jour, ce n’est pas peu dire! Voici un compte-rendu de ce spectacle offert par le festival Coup de coeur francophone et Révèle la relève.

Je dépose mon manteau dans le vestiaire pas piqué des vers et je m’aventure dans cette salle ayant une disposition de type cabaret. Dans cette foule assise d’une centaine de personnes, je me dirige en première rangée pour faire des tatas à un ami dans le band (name dropping) et avoir la vue sur les fils auxiliaires. Pis aussi parce qu’avoir les premières places du show des lauréats de la 20e édition des Francouvertes, c’est judicieux.

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Photo: Marielle NP

Verre de vin blanc semi-teigneux à la main, j’observe la forte lumière blanche fixée sur une patère de bois se situant au milieu de leurs instruments.

La Famille Ouellette/Photo Marielle PG

La Famille Ouellette/Photo: Marielle NP

Il y a quelques jackets rouges à leur effigie accrochés. La Famille Ouellette entre sur scène et se vêtit desdits jackets. Ils se placent à leur instrument respectif et lèvent leur poing gauche dans les airs. Je ne sais plus si j’assiste à une pièce de Michel Tremblay ayant pour  thème l’amitié ou à un discours politico-germanique. Dix secondes plus tard, JS Ouellette, au clavier, s’exclame:

BOUUUKAAAAGAAAAAANNNNNN

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La Famille Ouellette/Photo: Marielle NP

C’est le jeu de hanche satiné et la voix séraphique de Christ Ouellette qui débutent le bal avec la toune Jogging. La Famille Ouellette s’harmonise comme Nagano harmonise son orchestre, comme Moïse harmonisait ses troupes, comme Madame Cora harmonise sa sauce hollandaise. Je constate une synergie titanesque entre les six membres du band. Je dois avouer que les doux câlins bigrement envoûtants entre les Ouellette m’attendrissent profondément.

JS nous offre «quelque chose que nous pourrons consommer éventuellement, dans les jours qui suivent». Intriguée, je me retourne et je vois deux êtres humains avec des cabarets remplis de mini pots Masson. Ils les distribuent dans la foule. Du long de mes longs bras, je me procure ce petit pot qui est rempli de confiture à la fraise. Y’a même un petit dessin sur le pot.

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La Famille Ouellette/Photo: Marielle NP

Suivant cette dose de cute, le band nous offre ses «salutations les plus sincères». Un peu de douceur et de mélodie mineure pimentent l’ambiance lorsque la famille performent la chanson Hey ça va!, qui attendrit nos coeurs de laine. Pour en ajouter à la délicatesse, Christ se lance pour une performance de trompette qui nous ramène aussitôt en 1980; quand George Michael savait encore comment attendrir sa viande. Ils quittent la scène main dans la main, après avoir prodigieusement réchauffé la foule.

«Du jamais vu dans l’histoire du rock» – Eux.

MAUVES

Les frisous et l’approche mystérieuse de Mauves enlacent la foule qui s’attiédissait doucement. Je commence à m’agiter sur ma chaise quand ils commencent avec J’ai tout essayé (YÉ). Je suis bien contente de les voir en live après moult écoutes de leur dernier CD, Coco; j’en renverse même beaucoup de gouttes de vin sur mon jean de qualité supérieure. La large scène permettant une distance raisonnable entre les membres du groupe, on peut guetter l’entièreté des membres sans qu’un seul ne soit caché par un autre. La gang, on aime ça de même. Merci.

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Comme ils l’ont si bien mentionné dans leur entrevue pour le Voir (#CCF16): «Des fois on jam pendant 20 minutes et c’est très FORT en décibels». En effet, mes tympans sont fucking comblés et les jams sont burlesquement agréables.

Le stroboscope bien énergique et l’éclairage sympathique me font penser aux shows du Métropolis auxquels j’assistais hebdomadairement quand j’avais 20 ans et que je décidais de me mettre en première rangée. Juste que pour ce show-là je suis assise et je ne me fais pas marcher sur les pieds par les gens plus petits que moi. La vie, quoi! Mauves enchaîne sans tarder avec Parc du Portugal; la toune qui te donne envie de boire un spicy pumpkin latte de Starbucks, accoté sur un chêne dans un beau petit parc montréalais.

Pantalons déchirés et Converse démanchés, Julien Déry et Alexandre Martel nous offrent quelques guits battles qui nous laissent sur le bout de notre chaise (et de nos tympans). Je vous le confirme, Mauves maîtrise irrévocablement une exquise continuité musicale et un flexible doigté instrumental.

Sentant le vin blanc, j’en sors virée su’l top, acouphène avant-gardiste au poste.