M pour Montréal JOUR 1 et 2 : les deux côtés de la médaille

M pour Montréal est pas mal le dernier gros festival de l’année, ça, on le sait tous! Mais ce que plusieurs ignorent, c’est que les deux premiers jours du festival sont toujours principalement consacrés à une bonne délégation de représentants internationaux et nationaux qui viennent, oui, voir des shows, mais aussi faire pas mal de rencontres professionnelles. Je me suis prêté au double-jeu cette année.

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MERCREDI

Mon festival commence tranquillement, cette année, par une soirée uniquement consacrée à des activités pros et des panels. Je me présente en après-midi à la Maison Notman, un bâtiment patrimonial de la rue Sherbrooke, situé juste à côté du dépanneur au coin de St-Laurent. L’immeuble accueille aujourd’hui le Café Cosmo ainsi que des espaces locatifs dédiés à des activités professionnelles ou des conférences, donc exactement ce qui nous y amène.

À 15 h, j’assiste à mon premier panel, soit Marques et artistes: collaborer pour mieux rejoindre son public. Animé par Beth Martinez, proprio de Danger Village, le panel regroupe principalement des professionnels qui s’affairent, dans la vie, à associer des artistes connus ou pas à des marques (Kendrick Lamar et Reebok, mettons), à faire des playlists corpos pour des magasins en tout genre ou à vendre de la musique à des campagnes de pub télé ou web. Chris Golub, un gars assez sympathique de Brooklyn qui a fondé le Studio Orca, Charlotte von Kotze de Vice Media et David Hayman de Supergroup Sonic Branding, s’ajoutent au groupe de discussion.

Le panel est assez intéressant et donne quand même certains outils aux délégués présents, mais reste tout de même axé vers une certaine autopromotion de la part de certains présentateurs qui semblaient vraiment se chercher de nouveaux clients. Au final, j’apprends surtout que les publicitaires cherchent principalement des artistes pas nécessairement déjà super établis, mais des artistes avec une idée claire de leur image de marque et de la direction qu’ils souhaitent prendre avec leur carrière. Logique.

À 16h, je suis un peu déchiré entre deux conférences, soit La radio à l’ère du 21e siècle et La bulle festivalière est-elle sur le point d’éclater? J’hésite, en tant que journaliste qui couvre pas mal de festivals justement, comme vous le savez, mais aussi parce que je suis animateur et employé de deux stations de radio étudiantes. Un gros dilemme donc. C’est finalement la radio qui l’emporte puisque la plupart des pros que je connais s’y dirigent: je suis influençable de même. Pour la conférence, le présentateur est Adam Lewis du Planetary Group. Il est accompagné de Vic Calloway, animateur à la BBC Scotland, Jean Morel de Radio Nova, Laurent Bassols de Rinse, une webradio consacrée à l’électro à Paris, et deux personnes de la CBC dont j’ai malheureusement omis de noter le nom. Au final, on apprend assez peu de choses et l’on se fait répéter pas mal d’évidences telle que «Il faut diversifier ses activités pour survivre», «Internet, c’est l’avenir» ou «On aime beaucoup les artistes avec une histoire».

Par la suite, tout le monde redescend au café Cosmo pour un petit 5 à 7 de rencontres. Perso, je vais y prendre ma coupe de vin gratuite et m’évertue un peu plus à jaser aux quelques artistes présents que je connais déjà plutôt que de me lancer dans le PR en bonne et due forme. Il faut savoir choisir ses combats quand même! Je quitte finalement pour aller animer une de mes émissions et décide par la suite que Martha Wainwright, dans le fond, ça m’intéresse pas tant que ça comme show. Ma journée pro se finit donc ici.

JEUDI

Jeudi, je me dis que je verrai plus de spectacles pour contrebalancer avec la veille. Ma journée débute tout de même sur un atelier prévu pour les délégués: le lancement de la nouvelle version de l’application mobile de Google Play Music. Le tout se déroule dans une chic suite de l’Hôtel 10 sur Sherbrooke où l’on nous offre des consommations et des viennoiseries en nous parlant finalement assez peu de l’appli. Perso, je décide de faire ma job entre deux verres et je vais la tester sur une des tablettes mises à notre disposition. Pas mal tout tourne autour de la personnalisation sur cette version, alors qu’on a intégré beaucoup plus de paramètres de recommandation musicale à l’utilisateur, question de combattre un peu mieux Spotify, et une offre bonifiée en matière de musique québécoise, même si celle-ci reste un peu pauvre à mon avis.

Je quitte ensuite pour me diriger vers l’Église Red Roof, sur la rue Pésident-Kennedy. On y présente un showcase folk-rock de la SOCAN avec Gabrielle Shonk, Peter Henry Phillips (Pilou) et Leif Vollebekk.

La première à s’exécuter, Gab Shonk, est présentée par Guillaume Moffet de la SOCAN comme une artiste à surveiller en 2017. Sans nécessairement être un fan, je dois tout même reconnaître que je suis d’accord avec le statement. C’est avec un sourire un peu forcé et des harmonies vocales en quatuor qu’elle débute son show sur des tounes un peu plus downer, tout en essayant au passage de convaincre le groupe de professionnels internationaux de taper des mains sur sa musique, un moment mariant lol et malaise. Elle enchaîne ensuite une espèce de solo de clavier un peu dans le mood des Doors pour sa chanson Habit qui détonne un peu du reste de l’offre à cause de performances vocales vraiment plus travaillées que sur le reste et d’une finale très folk-pop générique, soit une chanson acoustique autour d’un seul micro pour tout le groupe. Je suis plus ou moins convaincu, au final, mais plusieurs semblent avoir apprécié le moment.

Viens ensuite Peter Henry Phillips, aka le 3e frère Barr spirituel tant leur musique se ressemble. En effet, il garde en show un son beaucoup plus brut, plus blues/americana que sur album et c’est un beau plus. Il enchaîne rapidement chansons, solos et jams et en profite même pour faire passer son habituelle finale de 15 à 4 minutes, vu le temps réduit. Tout ça se passe sur fond de musique tirée du iPod que le technicien de son avait mal fermé et que l’on entendait assez clairement durant les passes un peu moins fortes. Tout de suite après la performance, Mikey, directeur musical et programmateur du festival en profite pour nous lâcher un bon petit «M for Messiah», vu qu’on est dans une église tsé, et j’en profite pour m’éclipser.

Je reviens finalement au festival vers 23 h, juste à temps pour attraper la prestation de Michael Rault au Café Cléopâtre, assis entre une amie et deux gars gossants trop saouls. Ils passent pas mal tout le set à crier, au plus grand déplaisir de la crowd et du band. J’essaie tout même de rester concentrer sur le show psych-soft-sympa et un peu garage qui s’offre à moi et, à mon plus grand plaisir, on a finalement droit à quelques bons solos de guitare et une ou deux interventions en français de la part des musiciens.

Suivent ensuite les filles de Tasseomancy, qui viennent présenter du nouveau matériel tiré de leur album Do Easy à paraître aujourd’hui même. Je dois vous avouer que j’ai malheureusement peu écouté, trop occupé à jaser avec Mon Doux Saigneur et son agente. Je me rattraperai le 25 novembre prochain à leur lancement officiel organisé à La Vitrola.

Il est 1 h du matin et c’est Bernardino Femminielli qui vient assurer la relève. Je vais me placer stratégiquement aux côtés de Benoît Poirier, membre de Jésuslesfilles et Le monde dans le feu, mais aussi directeur musical de CISM et grand fan du projet. Il en profite pour m’expliquer certaines références obscures du groupe, genre l’hommage au band de hair metal canadien Anvil avec un solo de guitare au dildo par Pierre Guerineau, aussi de Essaie Pas. Bernardino, lui, reste dans le très queer en border frenchant ses musiciens tout le long du set, en expérimentant diverses positions sexuelles avec des ailes d’ange et en se promenant en chest. Très approprié vu le lieu qui nous accueille.

La soirée se termine finalement sur un court set du groupe Greys qui vient brasser un peu la cabane devant les 20 personnes qui tiennent encore debout, le reste étant parti se coucher en prévision du lendemain. Moi je reste, bravant le risque assez présent de devenir sourd devant le son excessivement fort et suraigu des guitares. Je quitte ensuite pour l’after-party à l’Hôtel 10, qui se finira pour moi vers 4 h 15 du matin. Un gars raisonnable comme on dit…