Tony Allen au FIJM : du jazz à la sauce afrobeat et une Québécoise qui vole le show!

Le légendaire batteur nigérien était au Monument-National samedi dernier pour rendre hommage à Art Blakey, un autre batteur mythique et créateur du jazz hard-bop.

Art Blakey Monument-National

Tony Allen quartet/Photo: Mathieu Catafard

Bien assis dans mon remarquable et confortable siège rouge, j’admire la belle salle de concert Ludger-Duvernay du Monument-National. C’est magnifique, je m’imagine dans le décor d’un concert de Miles Davis ou John Coltrane au début des années 1960.

L’ambiance est parfaite pour le jazz, oui, mais le Tony Allen quartet n’a pas du tout envie de rester dans la tradition jazz. Dès les premiers coups de batterie, on reconnait le vénérable musicien; la particularité de son jeu entre son snare et son hi-hat est fascinante. Mes yeux ne quittent pas ses mains.

Allen est le chef d’orchestre et il dirige ses musiciens dans des versions beaucoup plus groovy et évidemment afrobeat du répertoire de Blakey. Étant l’un des fondateurs de ce style, il ne peut pas changer qui il est… Le gros fan de Fela Kuti (Tony Allen a été son batteur durant de nombreuses années) en moi reconnaît la rythmique irrésistible du Fela Kuti & Africa 70.

Ce sont donc deux univers qui se rencontrent. Allen n’a pas la fluidité et la rapidité de Blakey, son jeu est plus lourd et direct, mais qu’importe, il n’est pas là pour imiter.

Peu bavard, affublé d’un chapeau borsalino et de lunettes fumées, Allen a néanmoins le visage souriant.

En milieu de concert, le batteur se lève pour parler au public, il appelle la trompettiste Rachel Therrien sur scène pour rejoindre les autres musiciens. Ce trio qui l’accompagne (piano, contrebasse, saxophone) est d’ailleurs impeccable depuis le début de la soirée.

Le public reconnait rapidement les premières notes de A Night in Tunisia. La chanson débute habilement puis laisse la place à Rachel qui s’élance dans un solo irréprochable et puissant. C’est la première fois du spectacle que je lâche Tony Allen des yeux. Un spectateur me lancera à la fin du concert que: «C’était probablement la meilleure musicienne du groupe.» Si ce n’était pas de mon admiration aveugle pour Allen, je dirais que oui!

Puis elle recommence sur Moanin’… Allen apprécie, il est tout sourire, la foule applaudit Rachel Therrien chaudement. Elle a vraiment chauffé la salle! Chapeau bas à la trompettiste.

Monsieur Allen n’a fait pas fait de long solo de batterie vertigineux durant le concert, il n’était pas là pour ça de toute manière. Lui et sa bande nous ont donné un concert coloré, simple et authentique.

Art Blakey a sûrement tapé du pied là-haut…