Montréal su’a Pop : suite et fin

Après un début de festival un peu lent, j’ai décidé de me plonger dans le bain et d’aller voir un peu plus d’artistes. Certaines de mes têtes d’affiche préférées jouaient samedi et dimanche et je me suis donc lancé dans l’aventure tête première. Les résultats vous sont livrés ici.

Ma soirée du vendredi commence de façon un peu absurde au showcase de Mint Records à la Brasserie Beaubien. C’est que Monomyth, qui a la tâche de débuter la soirée, commence en retard parce que les membres du quatuor n’arrivent pas à trouver leur bassiste pendant plusieurs minutes. Le groupe amorce donc un jam soft-jazz pour tenter de compenser. C’est le genre de chose qui surprend avec le son du band, que je situerais entre la jangle pop à la Freelove Fenner et l’alternatif de Dinosaur Jr. Un des deux chanteurs a d’ailleurs une voix vraiment semblable à celle de J Mascis en show, contrairement aux enregistrements. Ne manque que la fougue, au final, puisque les gars semblent un peu endormis, s’étirant sur scène et n’ayant pas l’air super allumés sur le pacing. Reste que leur matériel est bon et que je suis bien heureux de pouvoir crier bien fort «Don’t you want me baby», sur la partie cover de Human League de leur chanson Fuck With Me.

L'éclairage de la BB avantage pas vraiment les gars de Monomyth / Mathieu Aubre

L’éclairage de la BB avantage pas vraiment les gars de Monomyth / Mathieu Aubre

Je me déplace ensuite jusqu’à la Sala Rossa pour voir les respectueux Crabe en spectacle. Tu connais? Gab a mal aux amygdales et Mertin mange des bonbons véganes. La routine, donc. Sinon, on peut également observer durant cette prestation: un public de huit personnes, Mertin qui marche à quatre pattes, un lightbright avec «rock & roll» écrit dessus et un gars qui crie des insanités. Au final, si le show est excellent comme tous les shows de Crabe, c’est surtout les nouvelles tounes assez hardcore que je retiendrai.

Un rock lumineux / Mathieu Aubre

Un rock lumineux / Mathieu Aubre

Je quitte rapidement après le spectacle, pensant arriver en retard au show de Mourn à La Vitrola, mais j’ai mal calculé mon temps, ainsi que le légendaire retard que toutes les salles accumulent à POP Montréal et j’arrive finalement avant même le début de Sweat, formation montréalaise placée juste avant le quatuor barcelonais. Je ne connaissais pas le groupe et ne doute pas que leur musique puisse être intéressante sur album, mais je finis par trouver le show étonnamment ennuyant… À leur défense, c’est leur première présence scénique en près d’un an, mais les interventions tombent souvent un peu à plat et la musique est un peu trop calme pour une première partie de band post-punk comme Mourn. On atteint un sommet alors que le guitariste cassera une de ses cordes et prendra six minutes à la remplacer, et ce pour une seule chanson supplémentaire, pendant que la chanteuse tente quelques blagues en remerciant pour la huitième fois la moitié de la planète. Ce n’est pas mon show préféré de la fin de semaine, vous l’aurez compris.

Finalement, les Espagnols montent sur scène devant une foule monstre… de quinze personnes. Ça ne doit pas leur donner une très bonne impression de Montréal, ville où ils se produisent pour la première fois en carrière. Qu’à cela ne tienne: les trois filles et leur drummer fourniront tout de même une grande quantité d’énergie, et ce, malgré les petits chocs électriques que l’une des chanteuses pogne non-stop sur son micro. Et cette soirée a vraiment l’air commanditée par Grosmalaise.org alors qu’une fille du public demande à la bassiste si elle peut prendre une photo de son cul… Heureusement que la musique est bonne en maudit!

Tout le monde est à l'aise... / Mathieu Aubre

Tout le monde est à l’aise… / Mathieu Aubre

Je quitte un peu avant la fin, sur invitation d’un de mes amis que je n’ai pas vu depuis un bon moment et qui voulait me payer une bière à We Are Monroe. J’arrive finalement comme à l’habitude trop à l’avance, mais le jeu en aura quand même valu la chandelle. Je ne m’attends à rien du show et c’est finalement une grande quantité d’énergie que je reçois directement dans la face. Le quatuor me semble un peu dans la lignée de Half Moon Run et autres Franklin Electric: des bands de grande envergure, avec un son alternatif, mais qui sont rendus à un stade de la carrière autre que celui de l’émergence. C’est donc à une belle performance de style Chom FM et grand public (sans que ce ne soit aucunement négatif) à laquelle le public du Belmont a droit pour le lancement d’un clip du groupe. Salutations également au drummer, qui fête son anniversaire, ce qui lui vaudra un gâteau et plein de biscuits lancés dans la foule.

Je me lève un peu mort le lendemain et, horreur, vois ma blonde me demander si je veux faire des activités de couple. Ne sachant quoi répondre, je décide de joindre l’utile à l’utile et l’amène voir le show gratuit de Klô Pelgag, présenté par le 375e anniversaire de Montréal, au centre-ville vers 14 h… De quoi passer pour un mauvais chum qui va juste voir des shows aux yeux d’une blogueuse de Ton Petit Look. Elle tripe, pendant que j’assiste au même show pour la 6e fois de l’été #firstworldproblem Saluons la qualité égale du spectacle et le shirt de baseball d’une équipe d’Hiroshima de Klô.

Un beau set-up / Mathieu Aubre

Un beau set-up / Mathieu Aubre

Je retourne ensuite vaquer à mes occupations régulières, aka préparer un énième show de radio, pour ensuite tenter ma chance sur le toit d’Ubisoft, endroit auquel je n’ai jamais réussi à accéder jusqu’à ce jour. Le sentiment victorieux qui m’emplit durant ma montée céleste dans un ascenseur grinçant et un peu freakant est donc difficilement descriptible. Je retrouve quelque amis et on s’installe en Indiens à moins de 10 pieds du stage, juste à temps pour le début du show de Jason Bajada, en première partie d’Avec pas d’casque. Je n’avais pas encore écouté le nouvel album du susnommé Bajada, mais la prestation m’en donne le goût. Il interprète avec humour ses nouvelles pièces, jouant en solo, sur fond de coucher de soleil. Le résultat est ce que je qualifie de show le plus instagrammable de l’édition 2017 de POP, comme en témoignera d’ailleurs cette photo, tirée de notre compte Instagram.

Bajada insta-famous / Mathieu Aubre

Bajada insta-famous / Mathieu Aubre

C’est ensuite au tour du monument québécois Avec pas d’casque de s’entasser dans le petit coin libre qui sert de stage et de mettre son bassiste en pénitence derrière le reste du band. Alors que Joël souhaite tout quitter pour faire de la musique d’un hypothétique jeu vidéo appelé Groceries, Stéphane profite plutôt du moment présent en tentant de suivre le coucher du soleil avec son setlist. Une entreprise louable, mais plus ou moins réussie. Alors que le band joue de très belles chansons, je suis plutôt interpellé, comme à mon habitude par les détails random que la distance restreinte avec le groupe me permet de remarquer, genre la mention «Choix du président» sur la guitare du Jonny Greenwood en devenir de la formation. Le band finit son show sur La journée qui s’en vient est flambant neuve est mon petit cœur est conquis.

Un toupet dans le vent / Mathieu Aubre

Un toupet dans le vent / Mathieu Aubre

Jonny Greenwood / Mathieu Aubre

Jonny Greenwood / Mathieu Aubre

Je quitte ensuite en direction du Belmont, sans prendre le cauchemardesque ascenseur. Ce sont les Londonais de Public Service Broadcasting qui y sont programmés. Je connais plus où moins le groupe, mais on m’en a dit des bons mots, et ce sera finalement l’une de mes révélations 2017. Le band mêle habilement des influences post-punk et post-rock, avec une certaine sensibilité pop très anglaise, nous offrant un show instrumental et excessivement technique de qualité. Le plus impressionnant est vraiment l’absence d’erreur audible, alors que la quantité d’équipement et de manipulations électroniques est pourtant très élevée pour trois membres. Leur musique est d’ailleurs accompagnée en continu d’images d’archives, projetées sur un écran un peu trop petit, mais qui ajoute réellement au côté nerd de la performance. J’écouterai Every Valley, leur dernière parution, une couple de fois dans les jours suivants.

Prochaine station: Sala Rossa. Je suis un gros fan de Weyes Blood depuis la sortie de son excellent album Front Row Seat to the Earth l’automne passé et de ses collaborations avec Drugdealer et j’ai donc bien hâte de la voir performer. Mais sur qui je ne tombe pas en arrivant à la salle? La chanteuse de Sweat, ici avec son projet solo Ggpeach. Je m’attends au pire, mais le show est finalement assez relax et la musique se prête mieux au mood général de la soirée. J’attrape donc les deux dernières chansons de son show et me mets à attendre impatiemment l’artiste suivante.

La présence de l’Américaine à Montréal sera finalement l’un des shows les plus décevants de mon année 2017 pourtant bien remplie. C’est un peu le genre de live qui n’ajoute absolument rien à l’œuvre précédemment enregistrée auquel les spectateurs ont droit, dans une salle surpeuplée et mal aérée. Je quitte après seulement quatre chansons, me disant que tant qu’à n’avoir droit à aucune réadaptation musicale ou exploration quelconque, je suis aussi bien d’aller écouter le cd dans le confort de mon salon. Et je ne suis pas le seul: plusieurs collègues me confirmeront avoir quitter rapidement sans avoir aimé plus que ça le show.

Mon dimanche s’amorce tardivement. C’est sur la Fédération Ukrainienne que je jette mon dévolu en cette dernière soirée de POP puisque la salle du Mile-End accueillera ce soir Mount Eerie. En première partie, on retrouve Cedric Noël, un artiste qui partage son temps entre Montréal et Ottawa. Il se dit lui-même étonné d’ouvrir pour l’Américain et remercie à quelques reprises le public présent d’être arrivé tôt. Disons que ça en vaut la peine, alors qu’il nous partage sa bedroom pop fort jolie, agrémentée de claviers et de clarinette, un instrument que je suis bien heureux de voir revenir à la mode depuis deux ou trois ans. Sans anicroche, son spectacle en est un bien relaxant, qui nous place dans l’introspection nécessaire à ce qui s’en vient.

C’est que dès son arrivée en solo sur scène, Phil Elverum, de Mount Erie, nous place directement face à l’évidence. La soirée sera spéciale et difficile, alors que c’est son premier passage à Montréal depuis le décès de sa femme Geneviève Castrée, morte des suites d’un cancer l’an dernier. Celle qui était originaire de Montréal lui a justement inspiré son album A Crow Looked At Me, l’une des plus belles et plus troublantes parutions de 2017. S’il ouvre son spectacle avec une très longue version revisitée et un peu blagueuse de Ravens, il viendra anéantir le public tout de suite après avec Real Death. Le moment est beau, mais difficile à passer #muchfeels Le reste de la prestation restera dans cet esprit: un mélange d’émotion, de douceur et de nostalgie expurgé en groupe, puisque plusieurs membres de l’assistance semblent avoir connu Geneviève personnellement. C’est là-dessus que se termine mon expérience POP Montréal 2017, et je me dis que le show offre une belle synthèse du festival en soi: un plein d’émotions bienvenues et de nostalgie en attendant la 17e édition.

Top 5 de mon POP 2017

5. Mourn

4. Doomsquad

3. Avec pas d’casque

2. Public Service Broadcasting

1. Mount Eerie