C’est aujourd’hui que Keith Kouna s’amène avec Bonsoir Shérif, un nouvel album incisif qui nous aide à gueuler contre la marde qui se passe dans le monde. Nos questions. Ses réponses!
Keith Kouna/Photo: Nic Cantin
1- Bonsoir Shérif est ton album le plus «fâché»depuis longtemps. D’où vient cette colère?
J’ai commencé à écrire ce disque dans la foulée de la sortie de celui des Goules et j’avais envie de faire un album qui brasse. J’avais pas envie de faire quelque chose de personnel, je voulais quelque chose porté vers l’extérieur, pas de chansons d’amour, de «je», de «moi», d’existentialisme, d’abstrait, de «poésie», etc. Je n’avais pas non plus envie d’inventer des personnages, d’être dans le décalé, l’absurde, ou autre repère stylistique. Je voulais quelque chose porté vers le monde et la société, clair et direct. Comme je plais à le dire depuis longtemps en show avec Les Goules, je trouve que nous vivons dans un monde de marde dominé par les vendeurs, et disons que l’actualité des deux dernières années a été suffisamment riche en événements fâcheux pour inspirer un propos fâché. Et puis je trouve que ça manque dans le paysage actuellement. Y’a trop de chansons d’amour, bien souvent mauvaises, et c’est très lisse, pop et soporifique dans l’ensemble. Ça parle de soi mais y’a pas de tripes. Ou trop!.. Les gens veulent passer à Ici Musique. Ça manque d’abrasif. Ça manque de propos. Ça aussi ça met en colère, la mauvaise musique pop et soporifique!…
2- Tu as ressuscité Les Goules l’an dernier. Peux-tu comparer cette résurrection à celle de Jésus?
Jésus est ressuscité très rapidement comparativement aux Goules, mais il aurait perdu beaucoup d’impact s’il avait pris autant de temps. Tout le contraire des Goules qui auraient perdu à ressusciter aussi rapidement et qui ont bénéficié d’un meilleur impact en prenant leur temps. Disons que chacun a bien géré sa résurrection. Je suis fier de nous et de Jésus.
3- Qu’en gardes-tu sur ton nouvel album solo?
J’en garde une nouvelle foi et une parole nouvelle.
4- Dans ton communiqué de presse on peut lire «coup de gueule contre la connerie». Quelle connerie te met le plus en colère?
Je trouve que c’est un monde avec des inégalités horribles, avec plein de gens très cons qui veulent toujours plus tout en crachant sur les autres et en se posant souvent comme victimes parce qu’ils ne sont jamais suffisamment repus. Ces gens très cons sont souvent les plus fâchés alors que ce sont les autres qui en bavent qui devraient l’être davantage!.. Et ces gens très cons glorifient les gens très cons plus puissants qu’eux et les prennent pour modèles!… Ça fait qu’on n’en sort pas: les cons appellent les cons et la roue tourne. Le système est fait par et pour les cons, on l’achète en se disant que c’est le moins pire, que ça pourrait être pire et non que ça pourrait être mieux, on en est même content et on écoute une série si on a des doutes. Un monde de vendeurs vous dis-je.
5- T’as une chanson qui s’appelle Berceuse. L’as-tu testée sur ton nouveau-né?
Zzzzzzz
6- T’as une chanson qui s’appelle Vaches. Que représente cet animal pour toi?
Dans cette chanson, ce sont les flics. Les vrais comme ceux qu’on voit fesser du monde en Catalogne ou tirer sur des Noirs aux States, et puis monsieur et madame tout le monde qui aime bien prendre ce rôle, les bons citoyens qui tripent sur l’ordre et la sécurité, qui n’aiment pas ce qui dérange leur petit confort et qui votent pour des chefs. Sinon l’animal je le trouve ben smat, relaxe et assez joli.
7- Le «shérif» n’est pas une figure d’autorité qu’on a au Québec. Pourquoi avoir choisi cette figure d’autorité?
La sonorité.
8- Si tu étais politicien, tu promettrais quoi aujourd’hui?
De m’effacer.
9- Ta critique de la société est assez vive actuellement. Selon toi, quel est le remède?
Des trucs de base. Moins de pauvreté et plus d’éducation. Partout. Ce serait une bonne première étape. Mais ça ferait probablement chier les vendeurs…