La poésie velours-whisky de Clement Jacques

Publié le 05 février 2018 par Feuavolonte @Feuavolonte

Sortie d’une petite sieste vers 20h pour me rendre au Taverne Tour, j’arrive au Verre Bouteille, endroit riche en verres stérilisés, en diversité olfactive, en satisfactions auditives, ainsi qu’en places assises. Retour sur le show de Clement Jaques au Verre Bouteille.

Entrée dans le noir presque total feat. mes lunettes en semi-buée, je m’avance dans le bar rempli d’humains pour essayer de me trouver une place assise. Je me sens malheureusement dans le chemin de tous, peu importe où je me situe. Je décide de me stationner au bar, debout. Tsé la personne qui t’empêche de commander ta bière parce qu’elle se place exactement devant le bar? Eh bien c’est moi à cet instant précis.

Trois minutes 24 secondes (donc à 21h02) après mon arrivée dans le sombre bar, Clement Jacques embarque sur scène en nous informant qu’il a pogné le shake «v’la 5 minutes, pis là y part pas.» Le tout en ayant une petite goutte subtile d’émotion dans ses deux bourgeons. Il commence le show et j’aimerais vraiment vous décrire le public, mais je vois encore rien. Pourtant, je ne porte pas mes lunettes fumées sportives. Je ne vois rien certes, mais il y a des «wiffs» d’effluves que je décrirais de parfums floraux relativement envahissants.

Band jaune / Photo: Marielle Normandin Pageau

Clement nous offre L’autre côté de l’océan sur un plateau d’argent. Parlant de plateau d’argent, Clement reçoit un plateau de shooters et trouve que «ça fait beaucoup juste pour soi, on peut-tu en donner à du monde?». Quel altruiste, ce Clem.

Plateau / Photo: Marielle Normandin Pageau

Après avoir bu un shot brunâtre, il demande au public si «y’en a que c’est la première fois qu’ils vont le voir en show». Une gang de woo-girls et de dude-bros à l’arrière crient (sûrement en levant les bras).

Le band et toute sa présence capillaire continuent de nous procurer des feels de type petit-chalet-de-bois-dans-le-fond-de-la-Montérégie – là où ces mélodies me donneraient encore plus envie de boire du whisky devant une game de Yahtzee. Sûrement le même genre de chalet dans lequel son album Indien a été enregistré.

Nous entendons quelques feedbacks non agréables pour le tympan humain (animal aussi, sûrement). Le drummer, Charles Landry semble être dérangé par ce bruit omniprésent. Il continue de jouer sans aucune interruption dans ses rythmes éoliens. Je salue son courage et sa persévérance de type «Terry Fox».

Pendant la chanson Le Chat, je remarque le rideau de suède bleuté à l’arrière qui inspire mon désir (passager) de m’établir au Tibet.

Clement pis sa guit’ / Photo: Marielle Normandin Pageau

Lors d’un moment between two songs, une fille crie «enlève ta casquette!». Il l’enlève. Regards acharnés sur sa chevelure. On assiste à un silence gracieux. Clement boit une gorgée dans une flasque noir. On dirait un peu une flasque de parfum AZZARO.

Ils enchaînent avec Mont-Royal 8am, ce qui me donne une soudaine envie de faire du labourage et de la récolte à Sainte-Rose du Dégelis. L’homme que j’étais, Bonheur et Petite Rose nous sont livrées et je remarque que Clement détient vraiment un fan-club. Le public connaît bien son travail (de ce que je peux entendre chanter dans la foule). «Merci de votre écoute si généreuse», s’élance-t-il, en toute franchise.

Le band nous offre plusieurs «extended versions» où on peut sentir leurs échanges de regards, leur contentement, leur headbangs et leurs heures de travail.

Tellement Souvent et My Love sonnent bien à nos oreilles. Le public ne cesse de les applaudir. Un fan-club on point mon Clem! Il prend un shot et nous dit: «Je la vois pas bien finir cette histoire-là». Moi non plus. Il nous mentionne qu’il y a un invité surprise qui montera sur la scène avec eux. Un des plus grands chanteurs punk du Quoibec. Hugo Mudie monte sur la scène dans toute sa forme et ses couleurs léopardesques.

Joyeux lurons / Photo: Marielle Normandin Pageau

Hugo nous informe que Clement est pas mal plus sexy que Claude Dubois et qu’il a déjà vu Clement pleurer en Europe après avoir fait du cheval. Bref, ils nous performent Tiroir, chanson qu’ils ont coécrite, par hasard. Ils y vont aussi avec leur remake de When I Fall de Steve Earle; chanson que Hugo performe habituellement avec Mara Tremblay. J’ai comme une légère impression d’être à Belle et Bum. Lors de cette perfo-duo, Hugo prend son courage à trois mains et monte sur une chaise devant la scène. Bref, on veut une version québécoise de Brokeback Mountain, les boys!

Courage / Photo: Marielle Normandin Pageau

Après deux autres mélodieuses mélodies, Clement remercie profondément le public pour ensuite faire trois rappels qui me plaisent jusqu’au gros orteil. Ariane, Révolveur (au plaisir de pas mal tout le monde dans la foule) et son cover de Take me Home, Country Roads de John Denver – un beau moment.

Red velvet lol / Photo: Marielle Normandin Pageau

Accotée au bar, je me retrouve agréablement surprise et ravie de ce généreux show du band que je ne connaissais pas autant que tout ce fan-club présent au Verre Bouteille. Selon ce qu’il a pu nous dire, Clément fera davantage de shows dans les années à venir. À suivre!