Demi-finales des Francouvertes 2018, soir 1: chacun sa drogue

Publié le 17 avril 2018 par Feuavolonte @Feuavolonte

C’était la première de trois soirées consécutives de demi-finales aux Francouvertes hier et il était difficile de ne pas trouver chaussure à son pied entre le rap chocolaté, la langueur rock au féminin et les crustacés punk-rock. Comme on dit dans le jargon: à chacun sa drogue.

CRABE/Photo: Élise Jetté

Notre animatrice Isabelle Ouimet nous explique qu’aux Francouvertes, il n’y a pas de demi-mesure. On ne peut donc pas mettre notre X entre deux cases sur le formulaire de vote. Selon elle, «même ceux qui n’ont pas de secondaire 5, peuvent remplir cette directive.» Nous sommes très rassurés. Elle ajoute que «les dessins, phalliques ou autres, sont proscrits.» De quoi faire revirer de bord les plus artistiques.

Rosie Valland/Photo: Élise Jetté

Accompagnée par Marc-André Labelle, Rosie Valland fait son entrée pour la première partie. «Je suis contente d’être là. On le dit souvent, qu’on est content d’être là et on le pense pas souvent.» Vêtue de son déguisement de Laurence Nerbonne, l’auteure-compositrice-interprète nous explique qu’elle est en préparation d’un nouvel album. Elle a donc choisi de nous présenter que des nouvelles chansons qui laissent toutes présager un excellent prochain opus. Elle termine sa présentation en disant: «Les papiers que vous remplissez: soyez gentils.»

Jay Scott x Smitty Bacalley/Photo: Élise Jetté

Jay Scott et Smitty Bacalley montent sur scène sous un tonnerre d’applaudissements et de gens qui crient «on veut des Twix.»

Si le niveau d’énergie au début du spectacle est à «préchauffer le four à 375 degrés», on passe vite à «broil, retourner le plat à mi-cuisson pour que ça grille partout».

Comme en témoigne la photo ci-dessus, Smitty Bacalley impressionne les juges avec plusieurs figures de style (au sens littéraire, mais aussi dans sa gymnastique physique).

Tentant toujours d’amener son public en terrain inconnu, il simule le début d’une perfo de slam-poésie pis finalement c’tait pas ça que c’tait.

Les textes sont bien ficelés et la foule adhère. On apprécie la sensibilité dans la propension du groupe à parler des véritables problèmes comme celui de n’avoir qu’un pied:

Jay Scott x Smitty Bacalley/Photo: Élise Jetté

Une autre chanson nommée Problèmes fait, elle, la liste de tous les problèmes que Jay et Smitty ont. C’est très déprimant.

Les plus désorientés apprécient quant à eux la chanson qui n’a qu’une phrase: Koriass il me connaît, paraît qu’il trouve que je suis dope.

«Plus quelque chose est compromettant plus il fait le faire discrètement», nous dit Smitty avant d’entamer Clé silencieuse.

Et, très tôt durant la perfo, je remarque ce baromètre du succès: l’homme qui filme. Il capte, à ce moment précis, les images de ladite pièce Clé silencieuse:

L’homme qui filme/Photo: Élise Jetté

Généreux, les boys quittent en disant: «On laisse notre set list à CRABE.» L’histoire ne dit pas si Laura Babin avait aussi le droit d’utiliser la liste des chansons. Évidemment, des papiers de Twix parsèment le sol à la fin de la prestation.

Twix/Photo: Élise Jetté

C’est au tour de Laura Babin de s’exécuter avec une confiance et un plaisir tangibles.

Laura Babin/Photo: Élise Jetté

Elle accorde sa guitare avec brio tout en racontant la fois où elle s’est acheté une moto au Vietnam. Les promenades sur deux roues lui inspireront la mélodie de Water Buffalo.

Elle incarne douceur et désinvolture à la fois. Langueur et aplomb. C’est durant Sans sommeil, une pièce pour les amateurs d’insomnie, que Laura se retrouve sous les projecteurs de la caméra de «L’homme qui filme», obtenant ainsi le sceau d’approbation officiel de la soirée:

L’homme qui filme/Photo: Élise Jetté

C’est finalement CRABE qui s’amène avec une étrange chorégraphie lugubre. Effroi et amusement qualifient notre état lors de l’arrivée sur scène des deux boys de CRABE. Ça nous fait craindre le pire.

«On espère que vous avez aimé notre petite présentation de cégep en spectacle», nous dit-on pour nous rassurer.

Puis, les lumières s’ouvrent sur leur première toune Encourir mes passions. On remarque d’emblée un vêtement incitant au jeu et on déduit que le groupe est commandité par Loto-Québec:

CRABE/Photo: Élise Jetté

L’homme qui filmait tout n’est plus de la partie. Il a quitté les lieux. Ça nous fait craindre le pire… encore.

Pour ceux et celles qui n’ont jamais vu CRABE en spectacle, si vous avez déjà eu un problème d’oreille interne c’est l’idéal pour vous réactiver un acouphène chronique. Salutations à ces deux personnes qui sont sûrement courbaturés des bras ce matin à force d’avoir bouché leurs oreilles:

Des gens qui ne seront pas sourds/Photo: Élise Jetté

On nous présente la chanson Le Sydney pastel comme un schéma, tirée d’un de leurs albums paru en 1942 (?)

Puis, quand le spectacle tire à sa fin, on nous encourage: «Y’en reste juste deux, on lâche pas.»

Ma pièce favorite de cette perfo est Le monde entier, une chanson qui se passe à la fois dans l’espace, en Judée et près du nez:

«Je dis au monde entier et aux planètes qui se trouvent en toi, qui se trouvent en moi, vraiment près du nez (…) Les amours décâlissées, entachent l’hôtel de la Judée.»

Bien élevés, il quittent la scène, mais pas avant d’avoir rangé les instruments:

CRABE/Photo: Élise Jetté

Après le soir 1 des demi-finales, le TOP 3 va comme suit:

1- CRABE

2- Laura Babin

3- Jay Scott x Smitty Bacalley