«Un instant volé au temps», au gym, avec Antoine Corriveau

C’est au Verre Bouteille que je rencontre Antoine Corriveau pour parler de son nouvel EP Feu de forêt, mais le GPS de mon téléphone identifie le lieu de la rencontre comme étant le Éconofitness.

«Un instant volé au temps», au gym, avec Antoine Corriveau

Antoine Corriveau au gym/Photo: Élise Jetté

«Ça fit bien avec ma shape. J’ai une esti de shape naturelle. Tu avais remarqué?», me dit Antoine Corriveau, un fervent de muscu. «Oui, oui, j’avais remarqué, Antoine.»

Le EP Feu de forêt, paru le 2 novembre dernier a été enregistré à l’été 2017. «Je voulais le lancer en surprise à l’Usine C en décembre dernier (lors de son spectacle spécial), mais c’était trop précipité, dit-il. J’ai changé de maison de disques, il avait été question, avant, d’en faire une version de luxe de mon album, les maisons de disques aiment faire ça.»

Finalement, le EP prend vie de façon autonome chez Secret City Records, la nouvelle maison d’Antoine. «J’aime pas le format EP, confit-il. Je trouve ça plate. J’aime pas ça: tu mets un disque en auto, quatre tounes et c’est déjà fini. Là, tu conduis, tu dois changer de disque, tu pognes un accident, tu meurs. C’est pas une bonne idée de faire des EP», complète-t-il en riant.

C’est pour l’aspect rafraîchissant de la chose qu’il a décidé de faire le saut ailleurs, choisissant d’autant plus une maison de disques normalement affiliée à des artistes anglophones. «Étonnamment, beaucoup d’autres labels m’ont fait des propositions, dit Antoine. J’étais surpris. J’ai toujours l’impression que personne m’aime. Je ne suis pas quelqu’un qui fait des salles de 2000 personnes, je suis content qu’il y ait encore un intérêt pour l’art. Même si tu fais un album et que tu en vends quatre.» «Quatre, Antoine? Vraiment?» «Ou cinq», répond-il.

«Un instant volé au temps», au gym, avec Antoine Corriveau

Antoine Corriveau au gym/Photo: Élise Jetté

Le feu de forêt se place en continuité avec l’intérêt d’Antoine pour les catastrophes. «J’haïs ça, normalement, quand un titre de toune est aussi le titre de l’album ou du EP. Je trouve que c’est un manque d’effort. J’haïs les EP et j’haïs le titre de mon EP. J’ai juste fait de la marde finalement.»

La pochette de ce EP s’inspire quant à elle de la topographie. «Avec Mathilde (Corbeil), on était sur un buzz de cartes topographiques. Pour le concept du show, ça a aidé. Le feu de forêt, des fois c’est une catastrophe naturelle, des fois c’est la faute de l’homme, mais en même temps, ça aide la forêt à se renouveler. C’est sain. On parle parfois des ravages du feu, mais il est nécessaire en étant grave. J’aimais cette dualité. Elle se transpose pour le show unique de Coup de cœur francophone avec des projections de Mathilde.»

Feu à volonté

«Sais-tu combien d’incendies surviennent au Québec chaque année, Antoine?», dis-je. «Beaucoup, je pense.» «800! Tu pourrais prêter ta chanson au Service de protection des incendies.» «Oui! Je pourrais me payer un esti de show que personne n’a les moyens de financer. Mais ça me fait rire, parce que Le temps des coupes à blanc, elle avait joué à Radio-Can pour un reportage sur la déforestation, mais c’est une chanson de rupture, c’est pas des vraies coupes à blanc. C’est la même chose avec le feu de forêt.»

«Un instant volé au temps», au gym, avec Antoine Corriveau

Antoine Corriveau au gym/Photo: Élise Jetté

Une pièce du EP se nomme 1982. «C’est trois ans avant ma naissance, dit Antoine. Il y a la chanson 1979 des Smashing Pumpkins. 1990 de Jean Leloup. 1984 de George Orwell, maintenant 1998 de Safia. Des succès. J’ai voulu faire pareil.»

«Et Antoine, les Deux femmes. Tu hésites entre les deux? C’est pas recommandé.»

«Ben non, elles sont juste dans le taxi en même temps. Ça parle pas tant d’être avec deux femmes. C’est le récit de la première fois que j’ai pris du mush. Il est 5 h du matin dans un taxi. Et de toute façon, qui voudrait être avec moi dans un taxi?»

«Voyons, Antoine. T’es donc ben déprimé.»

«Depuis que j’ai pris une photo en blanc dans le soleil, les gens pensent que je ne suis plus déprimé.»

Mon coeur paré passera partout a été composée durant une semaine de création avec Gilles Vigneault. «Il y a les trois pa pa pa dans le titre qui pourraient en faire un hit. Ça marche les onomatopées, dit Antoine. Mais le titre est trop long hein?» «Pas aussi long que le nom de ton précédent album.» «C’est ben vrai.»

«Il y a des moments où Gilles me trouvait pas pire. J’étais flatté, se souvient Antoine. C’était un instant volé au temps.» «Wow, c’est beau.» «Ça va être sur mon prochain EP.» «On n’a pas dit qu’on haïssait ça, les EP? »

Pour Coup de cœur francophone, Antoine recommande le show de Bernhari, samedi. «Bernhari, ça fait des années qu’on ne se connait pas, mais tout le monde dit qu’on se ressemble. Cet été, on a passé une semaine ensemble dans une résidence d’écriture et on est devenus amis. On s’aime bien, finalement.»

La mise en scène de son propre spectacle au Club Soda est hors normes. «On revisite l’idée de faire du surround. La scène va être au centre et il va y avoir des gens sur trois côtés. Les sons vont pouvoir arriver de n’importe où. On va envoyer des sources dans d’autres speakers que les principaux. Le Club Soda est ben stressé.»

Élise: «Ce sera tout pour l’entrevue Éconofitness 1, 2 et 3»

Antoine: «Je suis vraiment content d’être allé aux toilettes au milieu de l’entrevue pour qu’il y ait plusieurs fichiers audios Éconofitness. Mais pourquoi il y en a trois?»

Élise: «Le deuxième dure seulement 1 seconde. C’est une erreur.»

Antoine: «Un instant volé au temps.»

Élise: «C’est ça.»

Le spectacle d’Antoine Corriveau dans le cadre de Coup de coeur francophone aura lieu ce vendredi 9 novembre au Club Soda à 21h.