Musical // notre-dame de paris

MUSICAL // NOTRE-DAME DE PARIS

Immense classique de la culture française, on ne sait plus si Notre-Dame de Paris est plus connu pour son auteur original, Victor Hugo, ou pour l’adaptation de Plamondon et Cocciante sur scène. Cette comédie musicale, entièrement chantée, a déjà un peu plus de vingt ans. Et elle est passée à Londres. Nous sommes donc allées voir cette grande œuvre lors de sa tournée anniversaire.

L’ouverture est grandiose, on frissonne dès le premier refrain du Temps des Cathédrales. C’est bien simple, cette phrase, ‘Il est venu le temps des cathédrales’, on la connaît tous, mais l’entendre en direct c’est autre chose. Les notes sont absolument parfaites à chaque seconde et la voix de Richard Charest, jouant Gringoire, est claire, puissante et pleine d’empathie. Il semble, du coup, très proche du public.

Clopin et sa cour des miracles amène à penser que, de tout temps, les migrants ont eu bien des noms mais ont souvent cherché asile, parfois avec succès, mais jamais sans peine. Plus sec, violent et revendicateur, la voix de Roddy Julienne est parfaite et encore on est secoué de frisson à chacune de ses apparitions.

MUSICAL // NOTRE-DAME DE PARIS MUSICAL // NOTRE-DAME DE PARIS

Esmeralda est envoûtante, mais non pas par son origine, mais par sa volupté, son charisme, son innocence et sa force, sa gentillesse et surtout sa voix. C’était une chance que de voir Hiba Tawaji interprété la plus célèbre des bohémiennes ainsi: puissante et déterminé mais aussi malchanceuse et amoureuse, elle subit la malhonnêteté de Phoebus et le chantage de Frollo. Si ceux-là apparaissent, respectivement, comme pur héros et pur méchant chez Disney, il y a une grande différence dans cette adaptation, plus proche du roman.

Le Phoebus de Flo Carli est aussi bon que ses actions sont mauvaises de bout en bout. Il s’accorde parfaitement avec Fleur-de-Lys dont la voix est aussi claire que sa jalousie est sombre. Quant à Frollo, interprété par le génialissime Daniel Lavoie, il est d’abord détestable mais, vite, il apparaît comme quelqu’un de brisé, de profondément triste et, un instant, quand il avoue son amour à Esmeralda, sincère. Tout passe sur le visage faussement impassible de Lavoie.

MUSICAL // NOTRE-DAME DE PARIS MUSICAL // NOTRE-DAME DE PARIS

Et Quasimodo alors ? Il n’est pas en reste. Certes, il n’est pas aussi présent que d’autres personnages, mais ses scènes et chansons sont toujours pleines d’une grande douceur et d’une vraie évolution. Il est tendre avec Esmeralda, jamais foncièrement mauvais, il incarne le genre humain dans toute sa particularité et ses douleurs. D’ailleurs, la voix profonde et rocailleuse d’Angelo Del Vecchio n’a pas a rougir de la comparaison avec celle de Garou. C’est sur Les Cloches de Notre-Dame qu’il est sans doute le plus impressionnant, sans compter toute l’émotion qui le traverse en permanence.

Que dire de plus ? Chacun de ces personnages méritait mention tant ils sont l’âme de la comédie musicale. Les costumes ont changé, évolué, sont devenus plus modernes, riches et fins. Le décor, lui, n’a pas vraiment bougé, ce qui donne un charme au spectacle. Certes, le spectacle à vingt ans, le roman bien plus, mais tout fonctionne encore.

Toujours actuel (migrants, CRS, injustice, religion…), profondément humain et d’une grande beauté artistique, il est difficile de nier son impact sur le monde culturel. D’ailleurs, on ne le niera pas, et on embrasse Le Temps des Cathédrales repris lors des applaudissements par les Français, motivés et débouts, et quelques Anglais circonspects. Quand on aime, on aime.

Extrait : Belle (2018)