Lary Kidd, celui qui dit

Publié le 18 novembre 2019 par Feuavolonte @Feuavolonte

Lary Kidd

Surhomme

Coyote Records

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L’influence du groupe Loud Lary Adjust (LLA) est indéniable dans le hip-hop jeu actuel. Gullywood, le premier projet officiel du collectif, paru en 2012, marquait un moment pivot dans le paysage hip-hop québécois. C’est à peu près à ce moment qu’on commençait à se dissocier du rap traditionnel québécois pour endosser les codes du rap américain, tout cela dans un mélange de français et d’anglais.

Plus tôt ce mois-ci, Lary Kidd, ancien membre du collectif LLA, nous est revenu avec son plus récent album intitulé Surhomme, où il offre un produit plus homogène et plus cohérent qu’à l’habitude.

Lary Kidd avait délaissé le rap conventionnel dans son premier album Contrôle afin d’offrir un produit plus expérimental, rappelant le trap psychedelic qu’on retrouve notamment dans l’album Rodeo de Travis Scott. Le résultat dans Contrôle pouvait toutefois sonner un peu désorganisé et décousu.

Dans Surhomme, on retrouve le rappeur de l’époque de LLA soit celui qui se veut un brin arrogant avec des textes parfois sombres, mais surtout celui qui s’exécute sur des beats et des sonorités conventionnelles au hip-hop moderne.

Bien que réalisé dans un cadre plus structuré que son album précédent, Surhomme démontre tout de même une versatilité et une excentricité. Prenons la 4e chanson de l’album, Mal élevé, qui pourrait être un véritable «club banger» avec ses sonorités dansantes rappelant le Bounce music; ce genre musical popularisé par l’artiste Big Freedia. Mal élevé est diamétralement opposée à la chanson Barcelone, qui nous montre la tristesse et la vulnérabilité du Jeune Homme avec une production minimaliste s’apparentant à un slam:

« Ces temps-ci j’suis absent

J’essaie de crever l’abcès avec un peu d’absinthe…

En fait, j’essaie de crever »

Barcelone

Faisant moins que 37 minutes, l’album s’apprivoise rapidement et comprend, selon moi, nettement plus de moments réussis que de moments ratés. Coupe-vent Columbia est l’un des moments forts de l’album, où Lary livre un couplet dans une rythmique semblable à celle de Drake dans 0 to 100 et l’opus comprend une collaboration de son collège 20some de Dead Obies qui démontre son habileté lexicale avec des paroles parfois tranchantes:

«Let’s roll, super hard, and then we did it

Pas pire pour des mal engueulés

Mon préféré, c’tait Lary back in the days avec LLA.»

Coupe-vent Columbia

Surhomme met en lumière ce qui démarque Lary Kidd de ses pairs dans le paysage hip-hop québécois: son utilisation singulière du franglais, son agressivité au micro, mais surtout son lexique unique. Ce qui fait qu’on reconnaît un texte du «Jeune Homme» parmi tant d’autres, c’est son utilisation de la langue de manière peu orthodoxe, même dans le hip-hop:

«Ton crack cocaïne vient d’à côté du gars qui pop the bottles

Qui mange des Avocado toasts

In a crib in Cala basas.»

Surhomme

«So c’est contre-filet triple A

Évidemment vin nature, ton resto a cinq étoiles

Nous on va l’rendre insalubre »

Mal élevé

Qui peut dire ça à part Lary ?