Impossible pour moi de penser cette chronique pour Boredoms d’Erotic Market comme celle d’un album. Le concept est plus large, plus complexe et plus inédit. Alors voici un Minema exceptionnel.
C’est un album visuel. Trente-cinq minutes de musiques et d’images connectées et qui s’enrichissent les unes les autres. La connexion est d’autant plus parfaite que dès que Marine Pellegrini commence à parler, on plonge dans son esprit. Les pensées en image et en son, unique et propre à elle, se dévoilent et vite on ne sait plus bien s’il s’agit de bribes de souvenir, d’espoir d’avenir, de ce qu’elle voit du présent ou d’un rêve. C’est un peu tout ça mais plus encore.
Dans des explosions de couleurs et d’images, on ne fait plus de distinction et on laisse Erotic Market nous parler de dépression, de doute, de peine, de joie, de plaisir, de sexualité, de pouvoir, de liberté, d’amour, qu’il soit romantique, filial ou propre, entre le français parlé et l’anglais chanté.
Cette genèse va au-delà du simple making-of. Intime et original dans toute sa forme (même le générique est exceptionnel), cet album visuel est un métrage d’art, un album qui a autant sa place dans un musée que sur scène. Lounge, jazz, électro, il n’y a pas de limite poétique musicale pour avancer main dans la main avec ce visuel kaléidoscopique d’une partie de vie créatrice. Les moments de manque ou de grande inspiration se montrent et s’assument.
On aurait pu se sentir à l’écart dans ces moments de thérapie. Mais Erotic Market nous parle et on s’identifie, on comprend, on accroche à cet univers jamais vulgaire, coloré, libre et puissant. Moderne et onirique, c’est surtout l’inattendu, la surprise de chaque image et de chaque son qui viennent ensuite qui captive.
La gratitude présente dans l’ensemble de cet album est aussi forte que l’acte même de création qui a abouti à ce résultat. On ne peut qu’éprouver énormément de gratitude envers Marine Pellegrini pour avoir ainsi ouvert la porte de son intimité et de son esprit immense et créatif. Merci Erotic Market.
En écoute : Boredoms