Pour finir la semaine 175

Pour finir la semaine 175

Personne n'y peut rien, cette chanson a fini par symboliser le son, l'esprit et peut être l'âme de cette seconde moitié des années 60 - à la fois la liberté du psychédélisme et la simplicité absolue de la mélodie pop, les sonorités du mellotron, de la flûte et de l'orchestre classique qui élargissent le paysage tout en le rendant plutôt étrange. On a d'ailleurs peine à croire, au vu du poids légendaire de cette chanson, qu'elle n'a été au maximum que 19 ème au classement des ventes de 45 tours en Grande Bretagne.

Nous sommes en 1966. Cela fait un an que le jeune et anonyme Justin Hayward compose dans son coin. Un jour, il découvre une petite annonce: Eric Burdon, leader des Animals, cherche un nouveau guitariste. Sa candidature n'est pas retenue, mais Burdon transmet toutes les réponses reçues à Ray Thomas. Ses Moody Blues viennent de perdre Denny Laine. Ray Thomas met tous les noms dans un chapeau et tire au sort. Et bien sûr, le nom de Justin Hayward sort.

Les Moody Blues préparent leur deuxième album. Days Of Future Passed sera un concept album qui racontera en sept chansons la journée d'un homme."A l'époque, je ne possédais quasiment rien, a raconté Justin Hayward. Mais j'avais une paire de draps de satin blanc qu'une copine m'avait donnés. Le genre de truc totalement inutile, surtout si tu as une barbe de deux jours. Ça gratte. Mais bon, c'était romantique. Et moi, j'étais dans une drôle de période. Une histoire d'amour se terminait, une autre était en train de commencer. Nights In White Satin était le bon titre avec un double sens intentionnel". Nights In White Satin peut en effet être entendu comme "nuits en satin blanc" mais aussi comme "chevaliers en satin blanc" (knightsavec son "k" muet). Un clin d'œil que l'on retrouve d'ailleurs sur la pochette: le dessin d'un petit chevalier en bas à gauche.

La première impression, lorsqu'on se penche sur le texte, c'est que le type est complètement déboussolé."Des lettres que j'ai rédigées mais jamais envoyées... Où est la vérité, je n'en sais plus rien... Je regarde les gens, certains, main dans la main, ce que je traverse, ils peuvent le comprendre. Ce que tu veux être, tu le seras à la fin..."chante notre triste garçon, marchant sur un fil entre son ancien et son nouvel amour. Si on replace la chanson dans le contexte de l'album (la journée d'un homme), il faut pousser plus loin. Métaphoriquement, la journée symbolise sa vie de mortel et, naturellement, la nuit représente la mort. Il n'est donc pas illogique que, dans la chanson, on rencontre un gisant posé sur des draps de satin.

La liste de reprises de Nights in White Satin est conséquente: The Flames en mode plagiat et changement de paroles, Eric Burdon, The Shadows, Nancy Sinatra, Tori Amos, la version punk des Dickies, la version électro de Giorgio Moroder ou symphonique du London Orchestra... En France, C'est la chanteuse Patricia qui réalise la première adaptation en 1968 sous le titre Mes rêves de satin. Suivront Michèle Richard en 1970 avec Voyage entre nuit et clarté puis plus tard Marie Laforêt en 1982 et son Blanche nuit de satin. A noter que Dalida reprendra aussi le morceau mais en italien.

Bonus du samedi : La magnifique revisite de Betty LaVette...