Un morceau de musique pour se souvenir quand on avait 15 ans #339

Publié le 18 février 2021 par Juthova

Paroles mystérieuses, voire cryptiques, saxophone incandescent, quelques notes de blues, hommage à Charles Trenet autant qu'à Buddy Holly, autant d'éléments disparates qui participent d'un très grand morceau.

Pour celles et ceux qui furent élevés dans le pieux respect de la chanson à textes, celle qui se devait de raconter quelque chose, une histoire, un message, un engagement..., Gaby oh! Gaby était un délice : on ne comprenait rien aux paroles. Que des images : un requin qui rallume son clope, des sirènes ... ce qui n'empêche pas pour autant d'ausculter chaque mot de la chanson.

La genèse de Gaby oh! Gaby est romanesque. On y apprend que la première mouture de la chanson est un blues intitulé Max Amphibie, en référence à Max Amphoux, éditeur des chansons d'Alain Bashung et de son parolier Boris Bergman. Pour les textes, Max Amphibie et Gaby oh Gaby commencent... pareil.

Mais quand Bashung arrive en studio, il change tout. Il pose sa voix pour indiquer les moments forts de la chanson et se met en chanter en "yaourt". Boris Bergman, qui écrit les textes de Bashung, est témoin de cette séance. Lorsqu'il entend Bashung dire "Give it" cela va lui inspirer "Gaby". Plus qu'un prénom, c'est un clin d'œil à l'argot des voyous des années 30 : les gabys, les gabounes, ce sont les homosexuels.

Coté musique, Bashung voulait un sax. C'est le saxophoniste, Alain Atot, qui lance justement le morceau avec un riff qui salue le titre Reminiscing de Buddy Holly. Dans Gaby oh! Gaby, le saxophone est donc un hommage aux 60's et, au delà de ce morceau, un instrument qui deviendra une des signatures sonores de la variété des années 80.

Pour finir, Bashung trouve qu'il manque un couplet. Bergman le lui écrit fissa, entre deux prises. Il griffonne n'importe quoi, pour la blague, deux phrases désuètes et joliment décalés pour faire rire Bashung comme une sorte de rituel entre eux, en étant sûr que le chanteur n'ira pas au bout. Mais une fois de retour au micro Bashung s'amuse à chanter ce texte avec le même sérieux : "Alors à quoi ça sert la frite si t'as pas les moules ? ça sert à quoi l'cochonnet si t'as pas les boules ?"

Une simple private joke devenue un tube intemporel, et qui a surtout permis à Alain Bashung d'accéder à la notoriété et de continuer sa belle et longue carrière. Quelques mois seulement après la sortie de Gaby oh! Gaby, le duo Bergman / Bashung frappera de nouveau un grand coup avec Vertiges de l'amour.

Bonus : Et en Espagnol, ça donne quoi ???

Et tant que l'on y est, avec un zest de reggae.