Data

L’électro “out of space”

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A tout juste 23 printemps, David Guillon (aka Data), livre Skywriter ; un premier album ultra dansant, mêlant électro, funk et disco, le tout porté par des beats bien “fat” et des synthés groovy à souhait. Les chanteurs Sébastien Grainger et Benjamin Diamond complètent la mixture en venant poser leur voix sur quelques titres… De l’électro “haut de gamme” !


Question : Tu as une formation classique de pianiste, puis tu as longtemps été branché rap; comment as-tu glissé vers l’électro et qu’est-ce qui t’attire dans ce genre de musique ?

Data : Tout s’est fait naturellement. Je n’ai pas vraiment fait le choix, j’ai juste estimé que la facon la plus raisonnable de faire vivre un morceau de façon instrumentale, tout en gardant grosso modo les mêmesoutils de productions que ceux qui me fascinaient dans la production rap, c’était de m’orienter vers de la musique instrumentale, parfois dancefloor, et donc plus électronique. Et également, par rapport à mes influences, le champ d’action de la musique électronique est très vague, puisque le terme en lui même ne renvoie à rien de particulier. Le coté épique que j’aimais dans les musiques de films ou le classique, et les mélodies des musiques noires étaient de parfaites influences a réadapter a cette production plus actuelle.

Q : Tes influences en général, et dans l’électro en particulier ?

Data : Dans l’électro actuelle, et très clairement pour l’intention, je dirais tous les remixes d’Alan Braxe et Fred Falke. Avant eux, je ne produisais pas, et avec eux, j’ai découvert que “producteur de musique électronique, c’était compositeur avant tout. Leurs remixes sont tous de nouvelles compositions parfaitement produites. Sinon Bach et Chopin parce que c’est la base, du disco, du funk, des musiques de films, des trucs bizarres, de la musique japonaise, des chants grégoriens, tout.


Q : Tu as l’air d’avoir des goûts musicaux éclectiques, y’a t-il un style de musique que tu ne supportes pas ?

Data : Je ne pense pas. Pendant longtemps j’ai détesté le reggae, mais en fait je crois que je détestais surtout les petits blancs du lycée qui écoutaient du reggae. Et y’a pas longtemps, j’ai découvert un morceau parfait de Bob Marley. Alors je la ferme un peu sur ce terrain là maintenant.


Q : Tu as créé une page MySpace il y a 4 ans, puis tu t’es fait repérer par le label, Ekler’o’Shock, qui t’a rapidement proposé de sortir un vinyl. Aujourd’hui, Naïve t’a pris sous son aile ; avais tu imaginé que tout irait si vite pour toi ? Est-ce flippant ? excitant ?

Data : Non, je n’avais jamais imaginé ça. J’ai été très chanceux. Pour moi c’était hyper excitant, parce que j’ai été signé avant d’être mur et d’avoir fait mes preuves. J’étais donc hyper excité de progresser, et de revenir vers ces gens leur faire écouter des trucs bien plus aboutis.

Q : Comment procèdes-tu pour composer ta musique ?

Data : Je fais toujours une maquette au piano, au synthé, ou sur mon répondeur; juste quelques notes parfois, ou une idée. Ensuite je produis, je fais les choix des instruments, je réfléchis sur l’orientation du morceau…C’est 50% de ce qui me vient en m’amusant au clavier, et 50% de réflexion sur le choix de la direction pour le morceau.

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Q : Le musicien électro Benjamin Cohen (alias, Benjamin Diamond) a apposé sa griffe sur les titres “So much in love” et “Skywriter” ; comment s’est concrétisée cette collaboration ?

Data : On s’est rencontrés dans les bureaux de son label.. j’étais allé rendre un remixe pour un groupe de son label, on a papoté, écouté de la musique,, et finalement on a décidé de sortir un morceau. Un jour, je lui ai apporté l’instru de “Skywriter” et je lui ai proposé de faire un “r’n'b du futur”.. On a longtemps hésité à aller aussi loin mais finalement ça s’est fait..


Q : Y a t-il un titre qui t’a posé particulièrement des problèmes ?

Data : Oui, “Skywriter”.Parce que, avec Benjamin, on était dans un délire de faire un morceau a la limite du r’n'b MTV. Alors du coup, on voulait un son ultra ultra fat, surtout sur le mix des voix.Mais en même temps, on était pas sûrs de vraiment assumer ce morceau… On a finit par mixer le morceau au studio Davout, avec l’aide de Philipe Weiss, un ingé son français qui est un peu le “king” du r’n'b.Voila, c’était galère parce que ça s’est étendu dans le temps, alors que j’essaie toujours de produire assez vite, de ne pas me disperser quitte à regretter le morceau ensuite.


Q : Tu as dit dans une interview que tu ne te sentais pas capable d’écrire des paroles ; pourquoi ? Tu ne sais pas quoi raconter ? ou tu ne sais pas comment le raconter ?

Data :  Chacun a sa place en musique. Je suis capable de produire un morceau par jour, ce serait sûrement redondant, mais ce serait naturel et agréable. Par contre, je n’ai jamais réussi à écrire des paroles sans me dire “c’est trop cucu”, ou en tentant de tout calquer sur tel ou tel crooner. C’est un talent à part, écrire les paroles, et surtout placer les mots…. c’est sûrement le truc le plus dur en musique.Je dis peut-être ça parce que ça m’est complètement étranger, et je reste donc fasciné par cet , mais je n’y arrive pas, tout ce que je tente est cliché….peut-être qu’avec le temps et la maturité ça viendra….


Q : En ce qui concerne l’avenir, tu as dit que tu adorerais « contribuer à un projet, travailler avec une chanteuse pendant plusieurs semaines, puis disparaître » ; avec quelles chanteuses / autres artistes rêverais-tu de bosser ?

Data :  Si demain je pouvais apeller une maison de disque et choisir, je dirais Beth Ditto, Katy Perry, La Fouine, N.E.R.D, et Raphael Saadiq. Surtout Katy Perry en fait.. .je sais pas si je suis juste fan de sa musique, ou si je suis simplement tombé amoureux d’elle, mais elle m’obsède.


Q : Enfin, quel titre de l’album te fait (toi, personnellement) danser sous la douche ou devant ta glace ?

Data :  Ah bah justement ! Je suis quelqu’un de très flemmard le matin, j’ai toujours besoin d’environ 1 heure devant mon ordi à écouter de la musique avant de me préparer à sortir. Et j’ai donc décidé de faire un morceau pour ce moment-là, un morceau que tu écoutes en serviette lorsque tu cherches désespérément une paire de chaussette propre. Et ce morceau est donc “So much in love” . C’est marrant comme question, parce que je l’ai vraiment fait pour ça….

Crédit photos : Yoann Lemoine