Shrinebuilder

Shrinebuilder

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Southern Lords
Sortie Octobre 2009

40 tonnes.. ouais, à peu près, il doit faire 40 tonnes le pachyderme que chevauche Scott Wino dès le premier titre de ce cinq titres prometteur.

Du coup, c’est peu de dire qu’il s’avance lourdement au milieu du marécage boueux que constitue les grattes croisées de Wino (que l’on ne présente plus) et Scott Kelly (Neurosis), plombées par la rythmique “Melvino-Om-ee”, avant que l’étrange appareillage ne s’affranchisse de la gravité pour clôturer ce “Solar Benediction” en apesanteur, l’enchaînant ainsi sans temps mort avec un “Pyramid Of the Moon” qui prend son temps pour reposer pieds sur terre, mais qui, une fois redescendu, reprend son rythme d’éléphanteau sabbathien guidé par les chœurs presque monastiques et hantés de Wino et Kelly. Ne pas se fier au petit solo un brin “spaced out” qui arrive à se faufiler dans la masse rythmique, juste une étincelle de vie avant que le labourage en règle ne reprenne ses droits.
Évidemment, avec pareil line-up, on est plutôt en terrain archi-balisé et, même si on ne peut s’empêcher de jouer au jeu du “tiens, ce passage c’est du pur Neurosis, celui ci du Om des grands jours, cette batterie affolante, ça c’est du Melvins de base”, au fur et a mesure des écoutes, les références s’estompent et l’album gagne en homogénéité, les différences de climat, toutes relatives, entendons nous bien (on reste quand même très largement dans un doom-stoner plombé), viennent plus des titres eux même que de tel ou tel passage millésimé Obsessed ou Altamont“.
Pour preuve, “Blind For All To See” fleure bon le temps béni des 70’s psychédéliques en plein bad trip orageux.
Si ces cinq titres ont bien été enregistrés en trois jours, comme on le raconte ici ou là, c’est sans doute éreintés que nos quatre gaillards sont ressortis de leur promenade dans la tourbière.
Au final, on se retrouve donc avec Shrinebuilder ; un cinq titres en forme de déclaration d’intention prometteuse qui, s’il laisse encore percevoir assez distinctement les influences des familles d’origine des quatre protagonistes , ne lorgne pas trop vers le patchwork mal agencé mais laisse augurer d’un avenir, plus cohérent encore, aussi radieux que la musique proposée est sombre et sans espoir.