Tété

À l’aube d’un nouveau rêve…

Le rêve américain, Tété vient de le toucher du bout des doigts. Pour son quatrième album, il s’est confronté à ses fantasmes et aux racines de psn patrimoine musical en allant enregistrer à Portland (Oregon).

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Cette nouvelle escapade (musicale, entre autre) méritait bien quelques questions…

Question : Dans ton dernier album, Le Premier Clair De l’Aube, tu as oeuvré dans le dépouillement, élaguant le superflu pour ne garder que l’essentiel…

Tété : Dans mon approche personnelle de la musique, j’ai toujours été trop bavard. Par une certaine peur du vide, j’ai toujours eu la propension à surcharger et à rajouter des couches. Pour cet album, j’ai voulu me mettre plus à nu. Il devenait important d’arrêter de me cacher derrière des artifices.

Question : Tes textes aussi sont plus simples, moins “poético-oniriques”…

Tété : J’ai beaucoup utilisé les images. Je commençais à entendre que mon public regrettait de ne pas comprendre mes propos, mon message. J’ai donc choisi de garder les images, mais en employant des mots usuels, moins ampoulés. Là encore, ça me permet de me découvrir un peu plus.

Question : Les musiciens américains avec lesquels tu as joué ont-ils modifié ton rapport à l’enregistrement d’un disque ?

Tété : Oui. Les américians sont dans l’instant présent, ils sont beaucoup moins dans le verbe. Ce qui m’a marqué le plus là-bas, c’est qu’il y a de la place pour toutes les idées. Tout va très vite, il n’y a pas de vains discours. Évidemment, je me suis remis en question très souvent.

Question : Le producteur Steve Berlin (REM, John Lee Hooker) t’a poussé dans tes retranchements il paraît…

Tété : C’est le moins que l’on puisse dire ! Il a senti que je souhaitais sortir de ma “zone de confort”, en cela, il a été un parfait maître d’oeuvre.

Question : Avant d’enregistrer cet album, tu es parti jouer plus de deux ans en Australie et dans des petits clubs de la côte Ouest des États-Unis… Un nouveau départ nécessaire ?

Tété : C’est exactement ça !Je suis revenu à la maison en me disant que je ne savais pas grand-chose. Je fais ce métier depuis 10 ans dans un certain confort et ça endort un peu. J’avais très envie de me réveiller en me remettant en danger. Je me suis senti vivant à 100% sur cette tournée.

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Question : Ton écriture est louée par tous, et qualifiée d’élégante et poétique. Tes lectures sont-elles une source d’inspiration ?

Tété : Depuis deux ans, j’ai beaucoup lu Patrick Chamoiseau. J’aime sa poésie unique faite d’images d’une beauté inouïe. Pour écrire les textes de cet album, j’ai aussi beaucoup lu de poésies d’auteurs. J’ai parfois l’impression que les livres vous trouvent autant que vous les trouvez… Pour conclure, j’aime la poésie qui traduit jsute les émotions. Par mon travail, je tente d’atteindre cet objectif.

Question : Serais-tu tenté d’écrire un livre toi-même ?

Tété : Je commence gentiment à me poser la question, mais j’ai peur. C’est plus engageant d’écrireun roman et de garder un lecteur sur 200 pages que d’écrire une chanson. Je ne suis pas loin d’être d’accord avec Serge Gainsbourg. La chanson est un art mineur par rapport à la littérature. Je ne dis pas que ce n’est rien, car j’ai bien conscience que la musique a pour utilité première d’accompagner des moments de vie.

Question : Tu seras sur scène à partir du mois de mars pour une longue série de concerts ; pas de temps mort pour toi ?

Tété : Tu sais, tout a commencé par là pour moi. À peine terminé une tournée, j’ai envie d’être à la suivante. Pour ce projet, nous serons en trio. Ce sera donc à l’image de l’album… plus dépouillé. Jouer de la musique pour moi est simplement vital !

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Le Premier Clair De l’Aube (Jive/Epic), sortie : Février 2010