Sharon Jones & the Dap-Kings

I Learned the Hard Way

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Daptone Records
Sortie : Avril 2010

Il existe sûrement un tas de raisons de conspuer Amy Winehouse, mais nul ne saurait lui reprocher le fait d’avoir su relancer l’intérêt du public pour la musique soul et pour les groupes old-school du genre. L’un des grands bénéficiaires de ce «revival» d’intérêt est la formation New-Yorkaise, Sharon Jones & the Dap-Kings, qui revient aujourd’hui en force avec un nouvel opus tout en finesse.
 
Alors que des artistes comme Amy Winehouse (oui, je me répète et je t’em..bête), Raphael Saadiq et le producteur Mark Ronson, ont largement contribué à remettre la «soul old-school» à l’honneur en la dépoussiérant à petites touches de «gimmicks» et de «modern vibes», Sharon Jones & the Dap-Kings est l’une des formations à entretenir aujourd’hui la flamme du public pour la pure vintage «uncut» rétro-soul.
Après avoir roulé sa bosse pendant de nombreuses années avant de connaître enfin son heure de gloire en 2007 avec son troisième album, 100 Days, 100 Nights, le groupe new-yorkais a su conquérir le cœur des foules grâce à un son organique (et une prod minimale) où chaque instrument est joué live et aucune voix n’est manipulée sur Auto-Tune.
Ce parti pris de rester «intègre» et fidèle à l’esprit des enregistrements «bruts» de la grande époque Motown/Stax, ajoute un grain, une atmosphère et une puissance sourde aux vocaux qui, ainsi redoublés d’intensité, frappent directement au ventre pour mieux vous remuer les tripes.  
Chacun des 12 titres de I learned The Hard Way sonne littéralement comme s’il avait été enregistré entre la fin des années 50 et le milieu des années 60, et rend ainsi un hommage (stylistique) aux artistes classiques tels qu’Otis Redding, Ike & Tina Turner, les Delfonics, etc.
De la ballade lancinante d’ouverture, “The Game Get Old”, au morceau délibérément dépouillé (pour donner encore plus d’ampleur aux vocaux de Sharon), “Mama Don’t Like My Man”, qui clôt l’album,  en passant par l’énergique titre éponyme, “I Learned The Hard Way”, le «remueur de popotin», “She Ain’t A Child No More”, et le blues aguicheur mais non monnayable de “Money” ; tout ici est élaboré de façon à propulser l’auditeur  «back in the days» ; à l’époque où la soul était plus qu’un simple prétexte pour faire de la musique, mais une raison de vivre .. rien de moins.