The Do

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En 2008, le premier album de The Do, A Mouthful, porté par le single “On My Shoulders, fait un carton aussi inattendu que mérité. 150 000 exemplaires vendus, une sortie à l’étranger et des salles complètes partout dans le monde. Leur second opus, Both Ways Open Jaws, est un joyau inclassable à tendance pop rock contemporaine, très tribale dans les rythmiques et les sonorités choisies.

Le duo composé d’Olivia Merilahti (chanteuse/musicienne franco-finlandaise) et Dan Levy (musicien/compositeur de musique de films) maltraite allègrement les instruments.
The Do revendique la solitude dans le processus de création, le libre cours au n’importe quoi, l’éclectisme, la variété, le contraste et les extrêmes. La vistuosité n’est pas leur priorité ici ; le couple mise plutôt sur le(s) sens et l’émotion !
Il se dégage de ce disque un charme et une sensualité vraiment intenses… La voix sexy d’Olivia n’y est sans doute pas pour rien.
Rencontre avec le duo iconoclaste.

Question : Both Ways Open Jaws est un album très “tribal” au niveau des rythmiques et des sons employés…

Dan : Nous, on se sent sent comme deux druides en studio. Notre façon de travailler s’apparente un peu à de la sorcellerie. Nous estimons qu’un seul son peut créer une émotion. Tout est important : la façon de placer un micro, la manière de maltraiter les instruments… La musique a besoin de se faire violenter. Nos recherches sonores viennent de mon goût de l’orchestration et de la musique contemporaine.

Question : Musicalement, êtes-vous sur la même longueur d’onde constamment ?

Olivia : Nous savons que nous voulons aller au même endroit. Après, nous avons évidemment quelques divergences. On ne peut pas dire que l’on enregistre tout le temps dans la sérénité la plus totale. C’est sain, c’est tout. On explose et on passe à autre chose.
Dan : En tout cas, on est fiers tous les deux de ce qu’il y a dans cet album. On part d’un point précis et on essaie d’aller le plus loin possible.

Question : Vous êtes rentrés en studio avec l’optique de faire vraiment ce que vous vouliez ?

Dan : C’était même impératif ! Nous n’avoins pas d’arrangeur, ni de mixeur, ni d’ingénieur du son… On remplissait tous ces rôle nous-mêmes.

Question : Est-il bon d’être enfermé pour enregistrer et de ne pas avoir d’avis extérieurs ?

Dan : Est-ce que l’on demande à Picasso s’il a besoin d’avis extérieurs ? Est-ce que quelqu’un est retntré dans son atelier pour lui dire qu’il n’aimait pas le rouge ? David Lynch, on ne vient pas le déranger pour lui dire que son montage n’est pas bon. Pour être clair, on se sent plus proches des peintres, des sculpteurs et des réalisateurs que des groupes de musique.

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Question : Un musicien doit-il se renouveler constamment ?

Dan : Dans le film d’Henri-Georges Clouzot, Le Mystère Picasso, le réalisateur se tourne vers le peintre et il lui demande : “qu’allez-vous faire, Maître, là ?”, il répond : “n’importe quoi, comme d’habitude”. Artistiquement, cette phrase m’a marqué. Quand on crée, on ne doit pas avoir de cahier des charges…. En art, il n’y a pas de hiérarchie. La seule hiérarchie, c’est le geste. Il faut laisser le libre cours au n’importe quoi. Je revendique la solitude dans la création.
Olivia : Notre règle, c’est l’éclectisme, la variété, le contraste, les extrêmes. Nos chansons ont souvent 5, 6 étapes avant qu’elles soient terminées. Sur ce deuxième album, nous n’avions pas envie de mettre beaucoup de morceaux, mais nous voulions qu’ils soient ples plus compacts et les plus riches possible.

Question : Lors de l’enregistrement du disque, étiez-vous lus sereins que pour le premier ?

Dan : Il n’y a jamais de sérénité en art. Si nous étions sereins, on ferait de la musique chiante ! Vous n’avez qu’à nous demander de faire de la lounge music !! (rires) Moi je suis plus en quête de violence et de retournements constants. On a d’ailleurs vécu des moments très difficiles dans la conception de ce deuxième album. On s’est constamment remis en question.

Question : Olivia, peut-on considérer ta voix comme un instrument de musique ?

Olivia : Dans notre duo, tout s’articule autour de ma voix. Elle a un peu évolué grâce aux nombreuses scènes que nous avons effectuées. J’ai aimé explorer la tessiture plus grave.
Dan : La voix d’Olivia me fait penser à un hautbois. Elle est plus grave, plus ouverts, moins étriquée que sur le premier album, A Mouthful.

Question : Vos concerts vont se tenir en compagnie de 4 autres musiciens. Ils vont devoir s’intégrer dans votre monde…

Olivia : Ils osnt incroyables et fabuleux ! On demande à nos musiciens de désapprendre ce qu’ils savent de la musique, de jouer des instruments qui ne sont pas forcément leur spécialité… ainsi, ils vont à l’essentiel. On a du mal à supporter les musiciens qui jouent trop bien, sans sapérité. Ce n’est pa pour rien qu’il y a un côté tribal dans notre musique, la virtuosité ne nous intéresse pas vraiment. Pour nous, se sont les sens et l’émotion qui priment avant tout !

Both Ways Open Jaws (Cinq 7), sortie : Mars 2011