Arno, le Flamand rock

Arno, le Flamand rock

Décédé ce samedi 23 avril, Arno laisse derrière lui une œuvre conséquente, riche de dizaines d'albums originaux, live et autres compilations parfois plus improbables les unes que les autres. C'est le cas de celle qui reprend ses reprises. Car Arno avait plaisir à revisiter à sa sauce les chansons des autres. Il y a bien sûr les incontournables Filles du bord de mer d'Adamo qui ont remis en selle leur auteur au milieu des années 90. Mais aussi, de formidables reprises de Jacques Brel et d'autres nettement plus étonnantes comme Bob Marley ou Julio Iglesias.

1) La première phrase du premier couplet révèle qu'elles étaient chouettes ces demoiselles pour qui savait y faire. Celui qui savait y faire était bien sûr Salvatore Adamo, qui écrivit cette chanson en 1964, à l'aube de sa gloire. Il n'était ni yé-yé, ni rock'n'roll et ne pouvait non plus prétendre au titre de chanteur à texte. L'univers de ce garçon à l'air timide et bien élevé, à la voix aigrelette, finit pourtant par séduire un public très large.

2) Agé de 19 ans, Serge Gainsbourg tombe sous le charme d'Elisabeth Levitsky, une apprentie peintre à Montmartre comme lui et qui devint sa première épouse. La chanson narre la passion amoureuse de Gainsbourg et de sa jeune épouse, dont Elisa est le diminutif de son prénom.

3) Comme pour de nombreuses chansons de blues, les paroles de Willie Dixon sont ambiguës et peuvent être lues à différents niveaux. Les diverses interprétations de ses vers vont du blues le plus phallique à une simple chanson de basse-cour inoffensive.

4) Il y a plus de 50 ans, la chanteuse Mélanie, guitare en bandoulière et des fleurs tressées dans ses cheveux, dénonçait déjà avec sa chanson "Look what they done to my song, Ma" les pratiques d'un show biz impitoyable et avide de pouvoir et de dollars.

5) Amoureux des femmes, le crooner à la sensualité débordante leur dédie même un album en 1979. En ouverture du disque figure la chanson Pauvres diables où Julio y met la femme sur un piédestal, un ange auquel les hommes ne peuvent résister.

6) Selon Stéphane Loisy, coauteur de "Jacques Brel en 40 chansons", Voir un ami pleurer aurait un point de départ bien réel. Brel vit une passion avec la femme d'un de ses amis. Un jour, l'ami vient demander à Brel de lui rendre la femme qu'il aime. Cet homme là pleurait. Comme tous les hommes pleurent face aux "femmes infidèles" , au "manque de tendre" , au "temps qui va trop vite" . Quand ils se rendent compte - trop tard - qu'"on se croit mèche, on n'est que suif" .

7) Au milieu des années 70 en Jamaïque, Bob Marley et Peter Tosh écrivent ce manifeste pour la reconnaissance de leur religion rastafari. Ce mouvement qualifié de social et religieux, ne représentait que 10% de la population, avant que la chanson Get Up Stand Up ne réveille les consciences.

8) Initialement publié en tant que chanson solo par Dave Davies, Death Of A Clown figure également sur Something Else By The Kinks et ne semble pas déplacé aux côtés de joyaux tels que David Watts et Waterloo Sunset .

9) Drive My Car s'inscrit dans la mutation musicale opérée par les Beatles, qui inclus plus d'humour et de finesse et s'éloigne des codes habituels des chansons d'amour. Les paroles racontent un renversement de situation amoureuse, où un homme qui tente de draguer une aspirante actrice se retrouve à son service comme possible chauffeur.

10) Véritable musicien, Nino Ferrer a été aussi l'un des plus grands chanteurs populaires des années 70. Tout a commencé par une blague sur un chien perdu, Mirza.

11) Mother's Little Helper entame avec l'humour noir caractéristique de l'album. Les femmes sont de plus en plus mal dans leur peau. Vivre une vie d'adulte, être à la fois épouse, mère de famille, s'occuper des tâches ménagères... Trop de choses à faire, trop de pression. Pour tenir le coup, elles ont besoin d'aide. Le titre traite en effet de la dépendance des mères de familles au valium, sur un rythme finalement assez enjoué. Le riff est peut-être ce qui est le plus marquant dans ce titre, tant il ressemble à celui d'un sitar (en fait c'est une mandoline et une guitare slide jouées par Brian Jones). La section rythmique est très solide aussi et permet à Mick Jagger de très très bien chanter sur ce titre, avec toute sa morgue habituelle.

12) Et pour finir en beauté, cette revisite de 1999, cette fois en compagnie de B.J. Scott pour une version explosive de Jean Genie de Bowie mélangé à La fille du Père Noël de Dutronc.